Le passe-droit de Christine Ockrent
Deux poids, deux mesures? Alors que Béatrice Schoenberg est contrainte de quitter le JT de France 2 suite à la nomination de Borloo dans le gouvernement, Christine Ockrent, elle, continuera de présenter France-Europe-Express, sur France 3, jusqu'au mois de juin, malgré l'arrivée de son compagnon Bernard Kouchner aux Affaires étrangères. Paul Nahon, directeur de l'information de France 3, l'a affirmé ce matin sur Europe 1 : à la rentrée, Ockrent devrait continuer sur le même créneau horaire, sur le thème de la politique, et non sur celui de l'économie, contrairement à l'info qu'avait donnée Libération ce matin. Nahon a ajouté que cette décision n'était absolument pas liée à la nomination de Kouchner, en rappelant à juste titre - et c'est un comble - qu'Ockrent était restée en poste lorsque son mari était ministre de la Santé du gouvernement Jospin.
Certes, le fait d'intimer à des journalistes l'ordre de vider leur casier en raison de leurs liens conjugaux avec des politiques semble un brin hypocrite sur le fond. Dans le même temps, les amis de Nicolas Sarkozy ont le droit de prendre des fonctions sur TF1. D'autre part, on n'a jamais glosé sur le fait que Jacques Chirac ait des relations extra-professionnelles avec des journalistes. Et puis, pourquoi la presse écrite est-elle exempte de cette juriprudence Schoenberg/Sinclair? Enfin, la connivence entre journalistes et politiques, dénoncée notamment par Daniel Carton ou Guy Birenbaum, ne se borne pas à de simples problèmes de coucheries...
Mais à partir du moment où une rège est posée, ne doit-elle pas être la même pour tous? De la même façon que nous avions dénoncé ici la différence de traitement entre Alain Duhamel et Daniel Schneidermann, on ne ne peut que s'étonner (l'indignation étant réservée aux choses les plus graves...) que le service public télévisuel n'applique pas les mêmes règles à toutes et à tous.
D'ailleurs, un coup de balai ne lui ferait pas de mal : les mêmes journalistes politiques (Duhamel, Ockrent) qui n'hésitent pas, sans rire et les yeux dans les yeux, à tancer ces hommes politiques qui ne se renouvellent pas assez vite à leur goût, exercent pour certains depuis 30 ans... Deux poids, deux mesures?