Législatives : le piège du quinquennat fonctionne à plein
quinquennat, adoptée dans l'indifférence générale en 2000 pour limiter les risques de cohabitation, brouille le message des perdants de la présidentielle. De quoi faire perdre tout intérêt à la campagne des législatives...
Le seul argument de campagne, au PS comme au MoDem : ne pas donner les pleins pouvoirs à l'UMP les 10 et 17 juin prochains. Du côté des socialistes, on reconnaît depuis plusieurs jours que la défaite est hautement probable, ce qui montre l'absurdité de la campagne législatives. François Hollande plaide pour un "équilibre des pouvoirs". Ségolène Royal brandit la menace des "pleins pouvoirs" pour la droite, tout en avouant qu'en étant "réaliste", la victoire sera "difficile". Laurent Fabius, qui lui aussi se satisferait d'une "opposition forte", appelle les Français à prendre conscience du risque d'une "présidence absolue". Bref, les socialistes font grise mine, comme le constate ce cher François Mitterrand depuis sa tombe. Ils se contenteraient d'une petite claque.
A l'UMP, où l'on a bien retenu la victoire écrasante de 2002, malgré un score moyen de Jacques Chirac au premier tour de la présidentielle, on adopte la posture inverse. Pourquoi s'en priverait-on? En meeting au Havre, hier soir, Nicolas Sarkozy a été très clair : "Il vous reste deux semaines pour parachever l'impensable révolution que vous avez accomplie le 22 avril et le 6 mai derniers, deux semaines pour décider ou non de me renouveler votre confiance. Françaises, Français, je vous demande de me donner la majorité dont j'ai besoin pour gouverner".
Voilà, tout est dit. Du fond, ne parlons surtout pas, ou alors à la marge. Le reste ne semble donc que détail. La guéguerre des centres, d'abord, entre le Nouveau Centre de Morin, Leroy, Perruchot, Vercamer ou Robien, partisans, pour peser, d'une alliance avec la majorité présidentielle et le MoDem de Bayrou, Sarnez, Cavada, Bouras ou Delmas, qui restent sur une ligne d'un centre indépendant. L'inexistence des Verts, du PCF, du FN, de Villiers, de l'extrême-gauche, ensuite, rendus inaudibles par une bipolarisation extrême du jeu politique.
Les élections législatives sont pourtant a priori la scrutin d'où est censé sortir la légitimité populaire pour appliquer un projet, la présidentielle devant faire émerger un arbitre, une direction globale, une représentativité à l'étranger. Il suffit pour s'en convaincre de lire la Constitution.
Mais le quinquennat est passé par là. Cette réforme, voulue par Giscard, d'abord refusée puis portée par Chirac, devait nous faire entrer dans la modernité, nous éviter les risques de la cohabitation, jugée dangereuse pour l'unité du pays. Au terme d'une campagne référendaire qui avait passionné les foules (30% de votants, 73% de oui), la quiquennat a été adopté et nous a conduit tout droit, comme le pronostiquaient déjà à l'époque certains analystes, vers une présidentialisation du régime. On l'avait évitée avec Jacques Chirac, qui représentait l'ordre ancien, qui n'avait peut-être pas décelé les subtilités ou les potentialités de cette nouvelle donne, ou tout simplement, qui n'avait pas souhaité s'en servir. Nicolas Sarkozy, lui, n'aura aucun scrupule à en tirer profit. Il l'a dit, et il le montre depuis son accession au pouvoir.
Dès lors, à quoi bon promettre des réformes pour donner plus de pouvoir à une opposition qui sera de toutes façons ultra-minoritaire tous les cinq ans? Car l'origine de la légitimité des députés, de ceux qui adoptent nos lois, est désormais flouée. La majorité dans son ensemble - il y a toujours des particularités locales liées à chaque circonscription - tirera son profit non pas du peuple, mais du président. "Donnez-moi la majorité dont j'ai besoin pour gouverner".
Quinquennat qui a d'ailleurs d'autres vices cachés, constatés lors du mandat Chirac : les ambitions des présidentiables s'aiguisent dès le départ. On l'a vu avec Sarkozy, qui avait lancé sa campagne dès sa nominaiton à l'Intérieur. On le voit aujourd'hui, avec Ségolène Royal qui voudrait qu'un candidat PS pour 2012 soit nommé dès cet été. Et puis, au fond, comment peut-on lancer des réformes d'envergure en cinq ans, alors qu'on est obsédé par sa réélection, ce véritable maillon faible de la démocratie moderne? L'idée n'est pas stupide, mais elle postule le dévouement des politiques, leur volonté de privilégier le bien commun à leurs intérêts, ce qui est décidément difficile à croire.
Deux réformes devraient donc être adoptées d'urgence si l'on veut évoluer vers une démocratie assainie. D'abord, instaurer une part importante de proportionnelle aux législatives, afin de contrer le dualisme de la présidentielle. Sans tomber pour autant dans une disparité des voix néfastes à la construction d'une majorité, comme on le déplore en Italie. Ensuite, étendre la durée du mandat du président. Sept ans, dix ans? Quoi qu'il en soit, le mandat devrait être non renouvelable. Qu'en pensez-vous?
On l'a vu en 2002, on le constate de nouveau en 2007 : la réforme constitutionnelle du Le seul argument de campagne, au PS comme au MoDem : ne pas donner les pleins pouvoirs à l'UMP les 10 et 17 juin prochains. Du côté des socialistes, on reconnaît depuis plusieurs jours que la défaite est hautement probable, ce qui montre l'absurdité de la campagne législatives. François Hollande plaide pour un "équilibre des pouvoirs". Ségolène Royal brandit la menace des "pleins pouvoirs" pour la droite, tout en avouant qu'en étant "réaliste", la victoire sera "difficile". Laurent Fabius, qui lui aussi se satisferait d'une "opposition forte", appelle les Français à prendre conscience du risque d'une "présidence absolue". Bref, les socialistes font grise mine, comme le constate ce cher François Mitterrand depuis sa tombe. Ils se contenteraient d'une petite claque.
A l'UMP, où l'on a bien retenu la victoire écrasante de 2002, malgré un score moyen de Jacques Chirac au premier tour de la présidentielle, on adopte la posture inverse. Pourquoi s'en priverait-on? En meeting au Havre, hier soir, Nicolas Sarkozy a été très clair : "Il vous reste deux semaines pour parachever l'impensable révolution que vous avez accomplie le 22 avril et le 6 mai derniers, deux semaines pour décider ou non de me renouveler votre confiance. Françaises, Français, je vous demande de me donner la majorité dont j'ai besoin pour gouverner".
Voilà, tout est dit. Du fond, ne parlons surtout pas, ou alors à la marge. Le reste ne semble donc que détail. La guéguerre des centres, d'abord, entre le Nouveau Centre de Morin, Leroy, Perruchot, Vercamer ou Robien, partisans, pour peser, d'une alliance avec la majorité présidentielle et le MoDem de Bayrou, Sarnez, Cavada, Bouras ou Delmas, qui restent sur une ligne d'un centre indépendant. L'inexistence des Verts, du PCF, du FN, de Villiers, de l'extrême-gauche, ensuite, rendus inaudibles par une bipolarisation extrême du jeu politique.
Les élections législatives sont pourtant a priori la scrutin d'où est censé sortir la légitimité populaire pour appliquer un projet, la présidentielle devant faire émerger un arbitre, une direction globale, une représentativité à l'étranger. Il suffit pour s'en convaincre de lire la Constitution.
Mais le quinquennat est passé par là. Cette réforme, voulue par Giscard, d'abord refusée puis portée par Chirac, devait nous faire entrer dans la modernité, nous éviter les risques de la cohabitation, jugée dangereuse pour l'unité du pays. Au terme d'une campagne référendaire qui avait passionné les foules (30% de votants, 73% de oui), la quiquennat a été adopté et nous a conduit tout droit, comme le pronostiquaient déjà à l'époque certains analystes, vers une présidentialisation du régime. On l'avait évitée avec Jacques Chirac, qui représentait l'ordre ancien, qui n'avait peut-être pas décelé les subtilités ou les potentialités de cette nouvelle donne, ou tout simplement, qui n'avait pas souhaité s'en servir. Nicolas Sarkozy, lui, n'aura aucun scrupule à en tirer profit. Il l'a dit, et il le montre depuis son accession au pouvoir.
Dès lors, à quoi bon promettre des réformes pour donner plus de pouvoir à une opposition qui sera de toutes façons ultra-minoritaire tous les cinq ans? Car l'origine de la légitimité des députés, de ceux qui adoptent nos lois, est désormais flouée. La majorité dans son ensemble - il y a toujours des particularités locales liées à chaque circonscription - tirera son profit non pas du peuple, mais du président. "Donnez-moi la majorité dont j'ai besoin pour gouverner".
Quinquennat qui a d'ailleurs d'autres vices cachés, constatés lors du mandat Chirac : les ambitions des présidentiables s'aiguisent dès le départ. On l'a vu avec Sarkozy, qui avait lancé sa campagne dès sa nominaiton à l'Intérieur. On le voit aujourd'hui, avec Ségolène Royal qui voudrait qu'un candidat PS pour 2012 soit nommé dès cet été. Et puis, au fond, comment peut-on lancer des réformes d'envergure en cinq ans, alors qu'on est obsédé par sa réélection, ce véritable maillon faible de la démocratie moderne? L'idée n'est pas stupide, mais elle postule le dévouement des politiques, leur volonté de privilégier le bien commun à leurs intérêts, ce qui est décidément difficile à croire.
Deux réformes devraient donc être adoptées d'urgence si l'on veut évoluer vers une démocratie assainie. D'abord, instaurer une part importante de proportionnelle aux législatives, afin de contrer le dualisme de la présidentielle. Sans tomber pour autant dans une disparité des voix néfastes à la construction d'une majorité, comme on le déplore en Italie. Ensuite, étendre la durée du mandat du président. Sept ans, dix ans? Quoi qu'il en soit, le mandat devrait être non renouvelable. Qu'en pensez-vous?