Jack Lang flatte Sarkozy et se la joue sage du PS
Il y a de quoi s'interroger sur les motivations de Jack Lang. Hier soir sur RTL, le député du Pas-de-Calais a accordé un troublant satisfecit au président de la République, Nicolas Sarkozy, sur deux thèmes majeurs de son action depuis son élection du 6 mai dernier.
Sur la réforme des Universités initiée par le président et relayée par Valérie Pécresse, d'abord. A laquelle on peut accorder le bénéfice du doute. Jack Lang est clair : "Je l'approuve (..) C'est une nécessité pour donner aux universités un souffle, un élan, une liberté d'initiative (...) Le pouvoir exécutif a répondu aux inquiétudes, même si ce n'est qu'un aspect d'un ensemble de choses qu'il faudra résoudre. Il faudra débloquer des crédits importants, j'espère que l'engagement pris de 1 milliard supplémentaire par an sera honoré. (...) il faut mettre à égalité les universités et les grandes écoles".
Sur l'Europe ensuite, contredisant ainsi le sadomasocialisme ambiant, Jack Lang a une nouvelle fois rendu hommage à l'équipe de Sarkozy : "Ce qui m'intéresse c'est la réalité des choses, ce ne sont pas des points de vue tactiques. On a le devoir de tenir un discours de vérité (...) Ce n'est qu'un point de départ (...) Lorsqu'on réussit à sortir l'Europe de l'ornière, on accomplit un geste positif, et l'Europe a toujours avancé par petits pas. Je n'imagine pas (que le PS puisse voter contre ce mini-traité)."
Ces propos sont tout à fait étonnants chez un leader socialiste qui ne s'était pas illustré jusque là par son sens de l'ouverture. Pour autant, faut-il y voir une volonté de rejoindre ses compères Kouchner, Jouyet ou Bockel dans un gouvernement de droite? Impensable a priori, mais la question mérite d'être posée, tant Jack Lang fait figure de caméléon de gauche.
Pour faire l'avocat du diable, le député du Pas-de-Calais avait déjà démenti sur son blog, le 8 juin, les rumeurs évoquant une mission culturelle que lui aurait confiée l'Elysée : un "bobard sans fondement". Et puis, l'ex-ministre de la Culture et de l'Education nationale se garde bien de soutenir globalement les projets de Sarkozy. Il se dit "inquiet", "critique" sur les idées du gouvernement en matière économique, sociale et fiscale. Et puis il y a cette phrase également formulée sur RTL et qui pourrait au mieux expliquer le reste, au pire représenter un prétexte : "Une opposition digne de ce nom doit être à la fois ferme, combative et en même temps honnête intellectuellement". Agréable surprise ou Lang de bois servant à justifier les compliments précédents?
Reste que celui qui s'était tu tout au long des turbulences qui ont agité le PS ces derniers semaines, revient en force dans la bataille interne. Cette lutte qui ne dit pas son nom mais continue de menacer l'existence même du principal parti de la gauche. De façon innocente, presque naïvement, Lang tire à boulets rouges sur ses amis. Pan sur Royal, à qui il s'était rallié de façon surprenante au cours de la primaire socialiste : "Pourquoi avons nous perdu une élection qui normalement aurait dû être gagné?" Pan sur ses rivaux : "Le PS doit s'abstenir de toute querelle", ou encore "Si la gauche veut préparer le futur, elle doit s'y prende autrement".
Autrement, d'accord. Reste que si Jack Lang veut peser, il faudra bien qu'il quitte ses attitudes de tribun mitterrandien. Et qu'il dévoile ses propositions.