Cécilia la Libyenne : l'étrange rhétorique des Sarkozy
Mais pour qui se prend Cécilia Sarkozy? Ce blog a laissé passer le train du pseudo scoop de l'Est Républicain sur le pourquoi de son refus d'être entendue devant une commission parlementaire. Il faut réparer ce retard au plus vite.
Lire cet interview est passablement agaçant. Enervant comme une chanson de Cabrel. Mais à un moment, on se dit qu'on ne peut tout commenter. Ce matin, un événement extraordinaire s'est toutefois produit. En écoutant la radio, votre serviteur a ouï le récit de la genèse de l'interview. Qui fait bondir aussitôt, ce qui est très peu pratique au volant. Qu'en est-il? En réalité, l'Est Républicain devait interroger Rachida Dati Place Vendôme. Mais Cécilia est arrivée - de façon inopinée, on l'imagine bien - avec la ministre de la Justice, sa "super copine". Et puis tiens, autour d'un thé, les langues se déliant, Cécilia s'est mise à parler de l'affaire libyenne, jusqu'à accorder une interview pure et simple à ce sujet... Ben voyons! Prenez nous pour des bacs à douche, tant qu'on y est. Bizarrement, on a tendance à douter de la spontanéité de certaines attitudes chez les Sarkozy.
La journée se poursuit. Vers 11h15, l'énervement reprend sur France Info, en écoutant Nicolas Beytout, le patron du Figaro, défendre à tout prix Cécilia. "Mais enfin, laissez-là, elle fait ce qu'elle veut, vous n'êtes rien que des jaloux et puis d'abord, elle a sauvé des infirmières", répond-il sur France Info à Laurent Joffrin, son copain de débat, qui lui au contraire fait tout pour accabler tout les Sarkozy qu'il peut. Le grand argument de ce farceur de Beytout? On n'a jamais demandé à Bernadette, Anémone ou Danielle d'être entendu par les députés. Fichtre.
Or là, de quoi s'agit-il? D'une femme qui, épouse de président ou pas, a été présentée comme l'héroïne d'un conte de fées raconté par l'Elysée. Comme celle qui a dénoué le casse-tête des infirmières bulgares.
Alors de deux choses l'une : en premier lieu, si c'est ainsi que les choses se sont passées, pourquoi envoyer le cher Claude Guéant répondre à sa place aux députés? Remarquez d'ailleurs que ce faisant, on n'invoque pas la séparation des pouvoirs. Remarquez aussi que cette séparation des pouvoirs ne gêne pas le président quand il réclame de pouvoir venir une fois par an s'exprimer devant ses chers députés. Mais si, en second lieu, elle n'a pas joué un rôle central dans cette affaire, comme semble maintenant vouloir le faire croire Cécilia pour sauver les meubles, pourquoi avoir embobiné les journalistes? Pourquoi s'être donné le beau rôle, si c'est ensuite pour se planquer une nouvelle fois derrière le secrétaire général de l'Elysée?
Et puis cette arrogance de Cécilia. Son "j'y suis allée en tant que mère, pour sauver des vies" ressemble tout à fait à l'attitude adoptée depuis des années par son mari, et qui consiste à tenter de culpabiliser l'interlocuteur pour son insensibilité et ainsi s'éloigner du sujet. Le sujet est : pour l'affaire Clearstream, entend-on Villepin ou son secrétaire particulier?
La stratégie des Sarkozy, leur réthorique est d'autant plus étrange qu'ils ne risquent pas grand chose à honorer uen convocation de l'Assemblée. A moins que Nicolas craigne que sa femme ne soit pas au niveau, craque, aille raconter que oui, on a bien vendu des armes à un dictateur pour sauver quelques vies? A moins que Sarkozy préfère que son épouse s'exprime devant la presse, instituée en "tribunal médiatique"? Une presse peut-être moins rigoureuse sur les questions qu'elle pose...