Sans-papiers défenestrés: et si les assos avaient une part de responsabilité?
"Le gouvernement a du sang sur les mains", ont osé clamer les quelque 400 manifestants qui se sont regroupés hier sur le boulevard de la Villette, à Paris. Là où une Chinoise en situation irrégulière, âgée de 51 ans, s'était jetée par la fenêtre jeudi dernier. Avant de mourir des suites de ses blessures, dans la nuit de vendredi à samedi.
Comme le CSP 59 cet été lors de la grève lilloise des sans-papiers, qui a été un véritable modèle de manipulation médiatique, les associations nationales de défense des étrangers en situation irrégulière n'hésitent pas à raconter n'importe quoi. Les médias notent, sans prendre aucun recul. Acquiescent, pratiquent l'empathie à outrance, le faible contre le fort, l'opprimé contre le puissant. La recette fonctionne depuis des années, mais s'accentue sous un gouvernement qui n'hésite pas à se fixer des objectifs d'expulsion.Pensez-donc : au cours de cette manifestation, RESF (réseau éducation sans frontières) a dénoncé le "climat de peur qui s'installe", soulignant qu'en deux mois, quatre personnes se sont défenestrées. Le 4 août, un Congolais s'était jeté d'une fenêtre des locaux de la PAF lyonnaise. à Amiens, le 9 août, un garçon russe de 12 ans s'était grièvement blessé de la même façon. Après coup, les policiers ont été blanchis par l'IGPN, qui a démontré - mais cette information a-t-elle eu le même écho que la chute ? - que la police n'avait pas pénétré dans l'appartement où logeait Ivan et sa famille. Le 12 septembre dernier, enfin, un Tunisien s'était jeté du quatrième étage d'un immeuble de Roussillon, dans l'Isère, alors que les gendarmes le raccompagnaient chez sa belle-soeur. Une seule explication pour RESF : le "climat de peur". Surtout, ne pas chercher autre chose.
Le Mrap (mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) va encore plus loin que RESF, parlant de la malheureuse Chinoise comme d'une victime du "racisme d'Etat", qui selon l'association, est "directement responsable" de sa mort. N'ayons pas peur des mots!
"Du sang sur les mains". A ce niveau, la diffamation n'est pas loin. Pensez! Dans les deux cas les plus dramatiques, la police n'avait pas encore pénétré à l'intérieur de l'appartement lorsque la chute a eu lieu. Pour ce qui est du décès de la Chinoise du boulevard de La Villette, les premiers éléments de l'enquête tendent à montrer que les policiers n'étaient même pas venus pour elle.
Et même si Libération fait son beurre en inventant un lien de cause à effet entre ces sauts à répétition et la "traque" à laquelle se livrent les autorités, Le Monde affirme que les interpellations des sans-papiers à domicile restent rares.
Certes, l'attitude du gouvernement est loin d'être exemplaire sur ce sujet. Les objectifs fixés d'expulsion sont bien sûr une hérésie : pourquoi ne pas expulser moins, ou plus, si nécessaire? Ces quotas ne sont-ils pas susceptibles d'influencer le travail des services préfectoraux dans un sens défavorable pour les sans-papiers? Ne suffit-il pas d'appliquer la loi, sans concession? Et puis cet amendement Mariani, qui diminue le délai de recours de un mois à quinze jours en cas de refus par l'OFPRA d'une demande d'asile. Ce qui équivaut quasiment à supprimer ce droit. Cet amendement, qui a donné la nausée à Maître Eolas et qui a eu le mérite de troubler jusque chez Koz , pourtant sarkozyste. Cet amendement a beau être sans lien avec notre sujet, il montre un certain état d'esprit de la majorité actuelle. Sans compter les pressions exercées sur les juges et les policiers pour qu'ils accélèrent le mouvement... Les préfets eux-mêmes sont admonestés!
Mais de là à parler de "traque", de "chasse à l'homme" ou de "sang sur les mains", il y a un pas que toute personne censée ne peut franchir. Les mots ont un sens. Nous n'avons pas basculé le 6 mai dans un Etat totalitaire. Il existe des procédures, des magistrats. Des centres de rétention. On 'expulse pas comme ça. Les tribunaux administratifs, les juges des référés annulent régulièrement des procédures : ouf, malgré ce que font mine d'en penser les droits-de-l'hommistes, nous sommes toujours dans un état de droit!
Elles ont donc leur part de responsabilité, ces associations. Au mieux elle entretiennent, au pire elles créent de toutes pièces ce "climat de peur" en pratiquant une surenchère dans l'exagération. En nous faisant croire que nous sommes revenus à ces fameuses "heures les plus sombres de l'histoire" qu'il est si pratique d'invoquer quand on n'a plus d'arguments à avancer. En insinuant sans cesse que nos policiers sont des SS. Comment interpréter autrement, au final, le fait qu'on puisse préférer la défenestration et la mort plutôt qu'une garde à vue régulière et une procédure d'expulsion contrôlée par la justice?