Les nouveaux barbares ou la révolte des incultes
Il suffit désormais d'une étincelle. D'un pépin. D'un prétexte. Et nos bandes d'encapuchonnés de banlieue se remettent à incendier, à piller, à semer la zizanie dans leur propre territoire. Qu'ils saccagent sans même réfléchir.
Deux jeunes sont morts à Villiers-le-Bel, dimanche soir, comme chacun sait. Accident ou pas, non-assistance en danger ou pas, des centaines de voyous ont embrayé, comme un seul homme. Deux soirs d'émeutes. Des dizaines de magasins pillés, brûlés. 60 policiers blessés, dont un commissaire divisionnaire. A plusieurs reprises, des tirs ont été observés contre les forces de l'ordre. Les cocktails Molotov, eux, deviennent banals.
Et lundi soir, les violences ont atteint cinq autres communes. Le spectre de novembre 2005 ressurgit. Mais pourquoi, à quoi bon, dans quel but? Quel intérêt? Les médias font de leur mieux pour ne pas mettre le feu, mais ne peuvent faire autrement que de suivre. Quand ils ne parlent pas de ces troubles, on leur reproche de faire le jeu de Sarkozy.
Deux indices doivent être notés :
- lundi soir, la bibliothèque municipale et deux écoles de Villiers-le-Bel ont été incendiés;
- les casseurs ne tiennent pas compte des avancées de l'enquête concernant la mort des deux adolescents : contrairement à ce qui s'était passé en novembre 2005, il ne semble pas y avoir de volonté de "cacher" quoi que ce soit, et les deux défunts étaient manifestement en tort. La police est systématiquement mise en accusation. Elle a tort dès qu'elle est présente lors d'un incident de ce type (on peut aussi penser aux violents affrontements de la gare du Nord, pendant la campagne présidentielle).
La conclusion s'impose de soi : nous n'avons pas affaire à des pauvres victimes d'un quelconque malaise social, mais de barbares incapables de faire la différence entre un commissariat de police et une bibliothèque ou une école. Ils tapent instinctivement sur les services publics édifiés autour de leurs habitations, sans jamais réfléchir. Dans ma commune, il y a quelques mois, des délinquants avaient brûlés la crèche dans laquelle étaient gardés, chaque soir, leurs petits-frères. Insensé!
Dans les jours qui viennent, on va nous abreuver de beaux discours sur les problèmes d'intégration. Sur l'injustice, la discrimination. A raison, quelque part, puisque les problèmes existent bel et bien. Mais ces émeutes ne sont pas le fruit d'un malaise social : ce n'est qu'une révolte d'idiots incultes, qui brûlent les moyens qui sont mis à leur disposition pour réussir. Hier, dans Mots Croisés, on entendait le témoignage d'un habitant de Sarcelles qui se retrouve au chômage après l'incendie d'un concessionnaire automobile. Que fera-t-il, lui? Brûler une voiture à son tour?
Et ces émeutes, à quoi vont-elles servir, à part à affaiblir d'avantage ceux qui souffrent, c'est-à-dire les habitants de ces quartiers qu'on devrait appeler "pauvres" plutôt que "sensibles"?
Au fond, la seule révolte qui existe derrière tout ça, c'est une volonté d'en découdre avec les "flics". Et pourquoi? Parce que les policiers les gênent? Mais c'est leur rôle, et il faut dire qu'ils le leur rendent bien. Cercle vicieux. Les policiers, on le voit bien, tremblent de peur devant ces adolescents encapuchonnés armés de couvercles de poubelles en guise de boucliers et de cailloux en guise de projectiles. Cet épisode ne va pas les faire devenir plus tendres. Oeil pour oeil, dent pour dent. Ils se vengeront, inconsciemment, à la prochaine garde à vue. Les policiers ne sont pas plus malins, à tutoyer les gardés à vue dès que leur peau est un tantinet basanée. Quelque part, ils récoltent ce qu'ils ont semé.
Quant à moi, j'ai bien du mal à plaindre ceux qui s'en prennent à des pompiers. Du mal à essayer de les comprendre. Même les journalistes se font frapper. Il n'y a rien à comprendre. Une seule chose à espérer, au fond : que Nicolas Sarkozy reste en Chine aussi longtemps que possible et évite de s'exprimer pour l'instant sur le sujet. En croisant les doigts pour que dans les heures qui viennent, si les échauffourées continuent, un "salaud de flic" ne tue pas par mégarde une "pauvre victime de jeune".