Symptomatique
Il faut lire avec intérêt l'article de notre ami Toréador, qui remet les pendules à l'heures au sujet de la "démission" du directeur de cabinet de Christine Boutin, Jean-Paul Bolufer, épinglé par le Canard enchaîné pour être locataire depuis 1981 d'un appartement de 190 m2 à un prix très modéré appartenant à la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP).
On est d'accord. Le cas Bolufer doit être clairement distingué de celui des détournements de fonds publics, des trafics d'armes... Rien à voir donc avec les sales affaires qui collent aux basques de Pasqua ou de la Chirac family. Ce n'est pas de la "magouille", c'est du privilège sciemment consenti par celui qui l'offre et sciemment accepté par celui qui en bénéficie. Comme dit Toréador, "le Canard a dézingué sciemment un type qui n’était pas pourri mais qui commettait un crime déontologique ou politique en bénéficiant d’avantages certains dans un contexte sensible. (...) Le Canard Enchaîné s’offre à peu de frais des têtes faciles. "
La question qui se pose en l'espèce est : pourquoi Bolufer? Pourquoi paie-t-il pour tous les autres? Le Canard peut-il dresser une liste de tous ceux qui bénéficient de ces avantages indus?
Le vrai sujet à mon sens, au-delà d'une polémique que tout le monde aura oublié dans quinze jours, est celui-ci : nous vivons dans un contexte de perte de repères au niveau des valeurs. Bien loin de moi l'idée de dire que tout fout le camp, qu'il n'y a plus de morale ou quoi que ce soit de ce genre. Il y a cependant de manière claire et évidente un déplacement de l'échelle du "bien et du mal", à tous les niveaux. Et ce faisant, une confusion, que l'on retrouve dans les cas "limites", ceux dont la réponse n'est pas évidente.
L'idée est là : on flirte de plus en plus avec la ligne jaune, et ce sont les gens honnêtes qui nous surprennent. Je connais moi-même quelqu'un qui bénéficiait honteusement d'un appartement social à un prix défiant toute concurrence, alors que cette personne avait les moyens de payer un loyer "normal" dans le privé. Cela ne lui semblait nullement malhonnête, puisqu'elle ne "volait personne". Un cas d'école.
Autre exemple : il semble également "normal" à beaucoup de gens d'arnaquer leur assurance dès qu'ils peuvent. Cette semaine, j'ai eu un problème de serrure, il a fallu la changer en urgence. Plutôt que de me rembourser comme il se doit, le propriétaire n'a pas hésité à me proposer, alors qu'il savait pertinemment que c'était faux, de faire une déclaration de tentative d'effraction. Dans mon entourage, j'ai été surpris de voir que la majorité des gens me conseillaient d'agir ainsi... C'est plus simple, ça évite de se ruiner à une semaine de Noël, mais c'est du vol.
On pourra rétorquer que la malhonnêteté a toujours existé, qu'on a toujours tenté de profiter des occasions qui se présentaient. C'est évident. Mais je crois profondément que nous vivons une époque où beaucoup de gens sont déboussolés. Le bien et le mal sont décrétés par la loi, et les violations punies par la justice : si on n'est pas pris, tant mieux! Le cas Bolufer, comme le cas Gaymard, sont exactement de cet ordre là. Il a joué, il a perdu, mais n'est pas poursuivi par la justice car il n'a commis aucun délit : leur punition, c'est l'opprobre publique, le scandale, la réprobation générale. Et puis c'est tout...
On est d'accord. Le cas Bolufer doit être clairement distingué de celui des détournements de fonds publics, des trafics d'armes... Rien à voir donc avec les sales affaires qui collent aux basques de Pasqua ou de la Chirac family. Ce n'est pas de la "magouille", c'est du privilège sciemment consenti par celui qui l'offre et sciemment accepté par celui qui en bénéficie. Comme dit Toréador, "le Canard a dézingué sciemment un type qui n’était pas pourri mais qui commettait un crime déontologique ou politique en bénéficiant d’avantages certains dans un contexte sensible. (...) Le Canard Enchaîné s’offre à peu de frais des têtes faciles. "
La question qui se pose en l'espèce est : pourquoi Bolufer? Pourquoi paie-t-il pour tous les autres? Le Canard peut-il dresser une liste de tous ceux qui bénéficient de ces avantages indus?
Le vrai sujet à mon sens, au-delà d'une polémique que tout le monde aura oublié dans quinze jours, est celui-ci : nous vivons dans un contexte de perte de repères au niveau des valeurs. Bien loin de moi l'idée de dire que tout fout le camp, qu'il n'y a plus de morale ou quoi que ce soit de ce genre. Il y a cependant de manière claire et évidente un déplacement de l'échelle du "bien et du mal", à tous les niveaux. Et ce faisant, une confusion, que l'on retrouve dans les cas "limites", ceux dont la réponse n'est pas évidente.
L'idée est là : on flirte de plus en plus avec la ligne jaune, et ce sont les gens honnêtes qui nous surprennent. Je connais moi-même quelqu'un qui bénéficiait honteusement d'un appartement social à un prix défiant toute concurrence, alors que cette personne avait les moyens de payer un loyer "normal" dans le privé. Cela ne lui semblait nullement malhonnête, puisqu'elle ne "volait personne". Un cas d'école.
Autre exemple : il semble également "normal" à beaucoup de gens d'arnaquer leur assurance dès qu'ils peuvent. Cette semaine, j'ai eu un problème de serrure, il a fallu la changer en urgence. Plutôt que de me rembourser comme il se doit, le propriétaire n'a pas hésité à me proposer, alors qu'il savait pertinemment que c'était faux, de faire une déclaration de tentative d'effraction. Dans mon entourage, j'ai été surpris de voir que la majorité des gens me conseillaient d'agir ainsi... C'est plus simple, ça évite de se ruiner à une semaine de Noël, mais c'est du vol.
On pourra rétorquer que la malhonnêteté a toujours existé, qu'on a toujours tenté de profiter des occasions qui se présentaient. C'est évident. Mais je crois profondément que nous vivons une époque où beaucoup de gens sont déboussolés. Le bien et le mal sont décrétés par la loi, et les violations punies par la justice : si on n'est pas pris, tant mieux! Le cas Bolufer, comme le cas Gaymard, sont exactement de cet ordre là. Il a joué, il a perdu, mais n'est pas poursuivi par la justice car il n'a commis aucun délit : leur punition, c'est l'opprobre publique, le scandale, la réprobation générale. Et puis c'est tout...