Moi ça m'est égal, j'ai déjà arrêté...

Depuis le 19 novembre (ok, rien n'est gagné, ok, il y a eu quelques écarts), je me permets de proclamer que c'est fini, ce truc immonde qui vous donne une haleine de bouc, vous coûte une fortune, vous oblige à nettoyer des vêtements propres et vous condamne à vous réveiller chaque matin avec une angine carabinée. Fini, ce machin ignoble qui vous rend soit-disant sexy et viril (tu parles, Luc!). Fini, ce bidule qui est plus fort que vous et vous rend dépendant au point de sortir de chez vous à 23h pour effectuer un ravitaillement express. Ou qui vous rend prévoyant au point d'acheter des provisions à l'avance, de peur de manquer de ce précieux tabac inutile un jour férié ou un dimanche. Finie, cette horreur dont n'importe quel fumeur honnête rêverait de se débarrasser. Quel adepte du tabac répondrait non à la question suivante : "si vous pouviez revenir en arrière et ne pas vous mettre à fumer, que choisiriez-vous?"
Pourtant, avec la mauvaise foi qui est caractéristique de tout chafouin, il aurait été possible que je soutienne la thèse inverse si je n'étais pas parvenu à m'arrêter. Celle que brandissent ceux qui parlent d'une loi liberticide. Ils n'ont pas tout à fait tort! Oui, il est risible que l'Etat se mêle de la santé des citoyens au point de lui interdire de commettre certains actes. Mais c'est le dommage collatéral du collectivisme : demain, peut-être, on vous interdira l'accès au Mc Do si vous êtes trop gros. Il est surtout risible qu'il s'en mêle au nom de l'intérêt général, alors qu'il paraît évident depuis quelques années que tout ce qui compte, c'est l'individu et ses petits caprices. D'ailleurs, ici, la justification, n'était-ce pas l'éventualité de recours en justice des employés des dits établissements, qui auraient pu porter plainte contre leur employeur en cas de développement d'un cancer?
Oui, il est risible que l'Etat se permette de lancer des leçons de morale, alors même que les figures qui le personnalisent sont tout sauf irréprochables. Et que l'objectif semble surtout de diminuer le déficit de la Sécurité sociale. Oui, il est amusant de constater que nos politiques tendent à promouvoir une espèce d'homme pur, qui ne fume pas, qui mange poliment des aliments équilibrés, qui lorsqu'il regarde des publicités alimentaires, est averti que le sucre, c'est mal, alors que dans le même temps, il ne fait rien, ou pas grand-chose, contre la propagation des OGM.
Mais le principal, c'est le résultat. Si cette loi peut diminuer le nombre de cancers, et surtout, peut faire reculer le nombre de gens dépendants d'une saleté, tant mieux. Notez d'ailleurs l'incohérence de ceux qui défendent la liberté d'être captif d'une drogue. Cocasse, non? Non, laissez-moi, je veux être prisonnier! Notez également l'absurdité de ces buralistes qu veulent entrer en résistance. Résistance de qui, de quoi? Hé, les gars, ne confondez pas, les résistants, ce ne sont pas ceux qui veulent continuer à gagner leur vie en permettant à leurs clients de commettre une illégalité, ce sont ceux qui se révoltent contre l'arbitraire, le tyran. Il faut donc applaudir des deux mains, même si au fond, on n'est dupe ni sur les véritables raisons de la mesure, ni sur l'évolution de société qui se cache derrière elle.
Et pour faire contre-poids à l'initiative de Luc, qui demande de façon sympathique à ses lecteurs de lister leurs arguments en faveur de la consommation de cigarettes, je me permettrai de donner cinq bonnes raisons pour arrêter de fumer, la liste n'étant pas exhaustive :
- J'ai économisé, je dirais, près de 250€ depuis que j'ai arrêté. J'ai dépensé au total environ 60€ en patch. ça semble valoir le coup, le rapport est plutôt bon...
- Il y a des avantages physiques : je dors mieux qu'avant, et j'ai joué dimanche au football pendant plus de deux heures sans les signes habituels d'essoufflement et de fatigue. Je suis moins irritable. En revanche, mon odorat ne s'est absolument pas développé.
- J'ai enrayé un cercle vicieux qui me conduisait tout droit à la mort par étouffement.
- Mon appartement sent la rose, et non plus le goudron froid.
- Et surtout, je suis LIBRE! N'est-ce pas le plus important?
N.B. : merci à tous ceux qui m'ont aidé à arrêter, et qui m'aident encore à tenir cette résolution difficile. Espérons à tous ceux qui essaient de stopper cette spirale infernale d'y parvenir. Je me considère moi-même en convalescence. Il faut tenir... vive les chewings-gums.