Pour financer les policiers, taxons les gendarmes!
Photo : Château de Chenonceaux
Ce qui est rigolo, c'est d'entendre les gens de gauche dépeindre ce gouvernement comme "ultra-libéral". Sans blagues! On nous a proposé par exemple de supprimer les pubs sur le service public audiovisuel, en remplaçant cette manne par une taxe sur les profits publicitaires des télévisions privées. Dernière idée magique en date : enrayer le délabrement du patrimoine public par la création d'un impôt de 2€ par nuitée d'hôtel de luxe.
Hier soir sur France Info, notre ministre de la Culture, Christine Albanel, disait à peu près ceci. "Cela nous ferait gagner environ 50 millions d'euros, c'est formidable! Et cela ne coûtera que le prix de la moitié d'un soda du mini-bar d'une chambre de luxe."
On connaît l'état scandaleux de certaines églises (2800 églises rurales menacées de disparition) et de certains châteaux (je pense au magnifique Chambord). La vétusté de notre patrimoine est patente. Il n'y a rien à redire là-dessus. Et il est intéressant de constater que ce problème émeut le gouvernement, même si les 50 millions en question sont une paille à côté de ce qu'il faudrait injecter pour remettre toutes nos ruines en état. Comme le note le Figaro :
Le dernier «Rapport sur l'état du parc monumental français», envoyé en fin de semaine dernière aux députés par le ministère de la Culture, se fait l'écho de ce constat. Il note «une dégradation sensible de l'état de conservation du patrimoine» . Deux chiffres révèlent l'ampleur de la détérioration. À la fin de 2007, 42 % des monuments historiques classés étaient considérés en mauvais état, voire en péril, contre 32 % cinq ans plus tôt.
En conséquence, le coût des travaux nécessaires à la restauration du patrimoine français a grimpé en flèche, passant de 7 à 10,7 milliards d'euros. «Il y a des situations d'urgence, on le sait», ajoute Christine Albanel, comme l'attestent la cathédrale de Beauvais, qui réclame depuis quinze ans une intervention de grande ampleur, ou le château de Champs-sur-Marne, fermé au public depuis l'automne 2006 après l'écroulement d'un plafond.
Mais une question me taraude, me hante, me chatouille. Allez, je me lance. Hum. Pourquoi les nuitées d'hôtel? Parce qu'à ce compte là, ce n'est pas compliqué, on peut aussi annoncer ceci : "Les avocats vont souffrir de la réforme du divorce, qui sera désormais prononcé chez le notaire. En taxant les sites internets de rencontres en ligne, on devrait pouvoir apaiser leurs craintes."
Si le gouvernement en a besoin, j'ai plein d'autres propositions. C'est cool la politique! Pour règler le problème du déficit de l'assurance-maladie, des buralistes ou du PSG, on pourrait imposer les profits boursiers, les fêtes foraines et les joggeurs. Pour financer les hôpitaux, taxons les laboratoires. Pour créer des postes supplémentaires de policiers, créons une taxe sur les salaires des gendarmes!
Ce qu'il faut répondre à Christine Albanel, c'est qu'il n'y a aucun rapport, mais vraiment aucun rapport logique entre les nuitées en hôtel 4 étoiles et le délabrement du patrimoine historique français... Ne pourrait-on pas, par exemple, faciliter le mécénat privé? Ce week-end, je visitais la Galerie des Glaces du Château de Versailles : Vinci a payé cher pour participer aux travaux de rénovation, son nom est gravé à l'entrée de la pièce (et quelle pièce!) et tant mieux! C'est fou, cette obstination. Cette paresse qui consiste à toujours règler les problèmes par des taxes nouvelles.
La première leçon qu'on peut tirer de tout cela, c'est que non seulement le gouvernement n'a pas d'idées, Mais pire, il n'a plus un sou de côté. Les caisses sont vides et l'Etat n'a plus aucune marge de manoeuvre budgétaire. D'accord, ce n'est pas une nouveauté. L'Etat essaie de chiper de l'argent là où il y en a mais ça, c'est du socialisme. De la même façon que lorsqu'on subventionne sans cesse des "emplois aidés" complètement artificiels. Il faudrait que les petits gars de l'UMP s'en rendent compte.
La deuxième leçon, c'est que le patrimoine ne fait pas partie des priorités, pour que le gouvernement crée une taxe totalement ubuesque. L'Etat ne lui consacre pas ses ressources propres et se voit obliger d'inventer de nouvelles recettes pour subvenir à ses besoins en la matière. Les murs du château de Chambord vont sans doute continuer à s'effondrer...