Après la carte SNCF, les allocations familiales

Publié le par Le chafouin

Ce gouvernement est désespérant. A peine sorti d'une cacophonie de premier ordre au sujet de la carte familles nombreuses, menacée puis finalement sauvée, voilà que François Fillon vient de faire pire encore : confirmer que la base de calcul des allocations familiales allaient bien être modifiées. Le but, même si on s'en cache : économiser près de 138 millions d'euros par an.

Explication pour tous les petits malins qui n'auront pas cliqué sur le lien ci-dessus. Les allocations familiales sont calculées par paliers. Quand un enfant atteint 11 ans, sa famille obtient une majoration d'environ 34€, et lorsqu'il a 16 ans, nouvelle majoration de 60€. L'Etat considère en effet depuis des lustres que plus un enfant grandit, plus il coûte cher, ce qui est parfaitement logique.

Désormais, et malgré l'avis défavorable de la CNAF, il n'y aura plus qu'une seule majoration de 60€ par enfant qui aura atteint l'âge de 14 ans. On économise ainsi un palier. Le Monde fait le calcul pour nous, ce qui est très aimable : "au total, sur l'ensemble des versements accordés entre le onzième et le dix-huitième anniversaire, les familles perdront près de 600 euros par enfant. Les prestations versées au cours de ces sept années d'adolescence s'élèvent aujourd'hui à 3 475 euros : elles passeront à l'avenir à 2 890 euros".

On peut voir au moins trois objections à ce nouveau coup dur pour les familles.

1- Ce n'est pas très malin, le jour où les statistiques de l'Insee confirment qu'il y a une forte inflation (et donc une perte de pouvoir d'achat), d'annoncer une mesure qui frappera au portefeuille près de 4,5 millions de familles. Matignon se défend de vouloir économiser des sous, et prétend que ce que l'Etat va gagner financera la garde des enfants. Justement, on se demande une nouvelle fois pourquoi l'Etat est ainsi soviétique et veut décider à notre place comment utiliser notre argent. Mieux vaut laisser cet argent dans la poche des familles, qui choisiront elles-mêmes si elles veulent ou non faire garder leurs enfants. Zut, alors!

2- Il y a ici rupture évidente avec les promesses du candidat Sarkozy, qui avait promis des allocations dès le premier enfant. Cette mesure va clairement à l'encontre de l'esprit des engagements présidentiels. Mais est-on à ça près, au gouvernement?

3- Comme on l'avait dit ici il y a quelques jours, il est déprimant de constater qu'on considère sans cesse les familles comme un moyen d'économies alors que c'est peut-être là qu'il faudrait investir massivement pour aider les parents dans une tâche qui semble aujourd'hui bien plus délicate qu'avant. Quand cherchera-t-on enfin à rompre avec cet individualisme qui gangrène la société?

Il paraît que Nicolas Sarkozy cherche à remettre de l'ordre dans la communication gouvernementale. Hier, on a pourtant de nouveau entendu tout et son contraire au sujet de ce "décret caché" modifiant les règles du jeu en matière d'allocations familiales. Xavier Bertrand a même osé parler d'une "mesure de simplification", le cancre! Et de plus en plus, on se demande pourquoi le président a nommé à la Famille une Nadine Morano décidément totalement incompétente dès qu'il s'agit de prendre en charge des dossiers plutôt que des discours.

Publié dans Société

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S
Pour plus d'informations sur l'horaire sncf.
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C
@Chafouin,Là, je dirais que c’est à toi de décrire le modèle de société que tu souhaiterais voir développé.Parce qu’avec le peu que tu dis, je ne vois pas comment une femme pourrait avoir ne serait-ce qu’un seul enfant sans arrêter de travailler pendant plusieurs années. Et je ne parle même pas d’avoir plusieurs enfants. En effet, à moins de ne pas travailler pendant des années, comment ne pas confier son enfant à une tierce personne (autre qu’un prof) plusieurs heures par jour ?@Thaïs,En fait, si cette bribe d’info m’a tellement intéressée, c’est parce qu’il y a plusieurs mois, j’ai vu un reportage sur le travail des femmes, dans le privé, dans un pays scandinave (désolée, je ne me souviens plus duquel). Très spontanément, je me suis fait exactement les mêmes remarques que toi.Et puis, l’idée a fait son chemin dans mon esprit. Et puis je me suis rappelée que quand j’étais gamine ou même adulte, le simple fait d’envisager de discipliner les français sur la route était présenté comme culturellement impossible. Et pourtant…
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T
je ne me prononcerais pas sur quoi que ce soit concernant les allocs cela me semble un peu flou et je n'ai pas eu le temps de bien tout lire. Cependant ce qu'a entendu cilia "un projet d'incitation ou de contrainte pour que les entreprises n'organisent plus de réunions en fin d'après-midi." je n'y crois absolument pas car c'est dans le culture française de rester tard. Au canada, il n'est pas anormal de partir à 5 heures puisque tout le monde le fait y compris la direction. En France quand on part à 6 heures il faut raser les murs même si on arrive à 8 heures le matin. Et puis j'imagine très bien dans les entreprises privées (que je connais le mieux) que en admettant qu'une contrainte existe, il faudra de toute façon trimer deux fois plus chez soi (ce qui existe déjà).En ce qui concerne les allocs, je ne trouve pas anormal que l'on favorise ceux qui bossent car même si comme tu le dis chafouin, les femmes à la maison bossent, celles qui travaillent ont double travail et des frais en plus auxquels on ne pense pas : transport pour aller travailler, vêtements (le jean c'est pas top pour bosser), babysitter quelquefois pour faire la jonction avec le mode de garde habituel. En plus favoriser les modes de garde comme les crèches sont générateurs d'emploi dans le secteur enfance mais aussi indirectement dans le bâtiment (construction).Rester à la maison pour une femme est un choix lourd de conséquence (financiere) mais comme tout choix de vie, il faut peser le pour et le contre avant ; voir ce que l'on privilégie tout en sachant que les lois évoluent ...
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L
je dois être trop idéaliste encore une fois. Mais je trouve dommage que l'Etat fasse tout, indidieusement, pour que les enfants soient pris en charge le plus jeune possible non pas par leurs parents mais par la collectivité. Cela me paraît dangereux... Et là, c'est exactement ça. Enfin, l'Etat fait un choix à la place des gens et ça je trouve ça dommage.Je comprends ta remarque sur le fait que la famille change, mais qu'a-t-on fai tpour l'éviter? Le développement des famille smonoparentales, qui est un fait, est-il un mal ou un bien? Il n'y a pas beosin d'être grand clerc pour dire que c'est "plutôt" un mal. L'etat ne fait que prendre acte de cette évolution, sans chercher à l'influencer. Pire, il va faciliter encore plus le divorce, en le confiant aux notaires plut^to qu'à la justice!
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C
Chafouin,Pour autant que je puisse comprendre quelque chose à cette histoire qui ne semble même pas être parfaitement claire pour l'ensemble des ministres concernés, ça ressemble effectivement à un choix politique.On défavorise un petit peu les familles dont tous les enfants atteignent l'âge de 11 ans, et on favorise plus les familles dont les enfants sont très jeunes, tant qu'ils le sont (très jeunes).On garde le même budget, mais à l'intérieur de ce budget, on fait des aménagements.Alors que les choses soient claires, je me mets à la place des parents qui vont avoir moins, et je conçois fort bien qu'ils se sentent pénalisés, puisque de fait, ils le seront.Mais, comme je le disais au début du fil, si c'est pour favoriser l'activité professionnelle des parents, ça se tient très bien.N'oublions quand même pas qu'outre une dette importante et problématique, le budget de l'état est chaque année déficitaire. L'état doit moins dépenser. Pour autant, il s'est engagé, et c'est nécessaire à créer de nombreuses places supplémentaires en crèche. Il faut bien les financer !Enfin, trois remarques :quoiqu'on en pense, la famille change, comme la société. Il y a de plus en plus de familles monoparentales pour qui pouvoir combiner emploi et enfants ne peut pas relever d'un choix, mais est une obligation absolue, sous peine de tomber dans la pauvreté.Quant à l'éducation de nos chères têtes blondes, elle ne se résume certainement pas aux premiers mois ou aux trois premières années de leur vie. Les questions de garde, c'est pour les tout-petits.J'entendais rapidement à la télé il y a deux jours un projet d'incitation ou de contrainte pour que les entreprises n'organisent plus de réunions en fin d'après-midi. Ca, c'est le type même de mesure qui peut n'avoir l'air de rien, qui ne représente pas un kopeck, versé par la CAF, de plus dans les portefeuilles, mais qui indirectement peut permettre réellement aux mamans de concilier boulot et enfants (et accessoirement de favoriser les promotions professionnelles pour les femmes !)....tout ceci dit sous réserve d'honnêteté effective de notre gouvernement bien sûr ;)
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