Après la carte SNCF, les allocations familiales
Explication pour tous les petits malins qui n'auront pas cliqué sur le lien ci-dessus. Les allocations familiales sont calculées par paliers. Quand un enfant atteint 11 ans, sa famille obtient une majoration d'environ 34€, et lorsqu'il a 16 ans, nouvelle majoration de 60€. L'Etat considère en effet depuis des lustres que plus un enfant grandit, plus il coûte cher, ce qui est parfaitement logique.
Désormais, et malgré l'avis défavorable de la CNAF, il n'y aura plus qu'une seule majoration de 60€ par enfant qui aura atteint l'âge de 14 ans. On économise ainsi un palier. Le Monde fait le calcul pour nous, ce qui est très aimable : "au total, sur l'ensemble des versements accordés entre le onzième et le dix-huitième anniversaire, les familles perdront près de 600 euros par enfant. Les prestations versées au cours de ces sept années d'adolescence s'élèvent aujourd'hui à 3 475 euros : elles passeront à l'avenir à 2 890 euros".
On peut voir au moins trois objections à ce nouveau coup dur pour les familles.
1- Ce n'est pas très malin, le jour où les statistiques de l'Insee confirment qu'il y a une forte inflation (et donc une perte de pouvoir d'achat), d'annoncer une mesure qui frappera au portefeuille près de 4,5 millions de familles. Matignon se défend de vouloir économiser des sous, et prétend que ce que l'Etat va gagner financera la garde des enfants. Justement, on se demande une nouvelle fois pourquoi l'Etat est ainsi soviétique et veut décider à notre place comment utiliser notre argent. Mieux vaut laisser cet argent dans la poche des familles, qui choisiront elles-mêmes si elles veulent ou non faire garder leurs enfants. Zut, alors!
2- Il y a ici rupture évidente avec les promesses du candidat Sarkozy, qui avait promis des allocations dès le premier enfant. Cette mesure va clairement à l'encontre de l'esprit des engagements présidentiels. Mais est-on à ça près, au gouvernement?
3- Comme on l'avait dit ici il y a quelques jours, il est déprimant de constater qu'on considère sans cesse les familles comme un moyen d'économies alors que c'est peut-être là qu'il faudrait investir massivement pour aider les parents dans une tâche qui semble aujourd'hui bien plus délicate qu'avant. Quand cherchera-t-on enfin à rompre avec cet individualisme qui gangrène la société?
Il paraît que Nicolas Sarkozy cherche à remettre de l'ordre dans la communication gouvernementale. Hier, on a pourtant de nouveau entendu tout et son contraire au sujet de ce "décret caché" modifiant les règles du jeu en matière d'allocations familiales. Xavier Bertrand a même osé parler d'une "mesure de simplification", le cancre! Et de plus en plus, on se demande pourquoi le président a nommé à la Famille une Nadine Morano décidément totalement incompétente dès qu'il s'agit de prendre en charge des dossiers plutôt que des discours.