L'indignation doit-elle se soucier des détails?

Publié le par Le chafouin

Pour la quatrième fois en vingt ans, après les précédents de 1987, 1997 et 2005, Jean-Marie Le Pen aurait affirmé que les chambres à gaz ne sont qu'un "détail" de l'histoire de la seconde guerre mondiale.

Cette fois, il aurait tenu ces propos dans une interview accordée au magazine mensuel "Bretons", mais dont il n'a pas autorisé la publication, selon un communiqué envoyé aux rédactions.

Plus que cette affirmation, qui à mon sens n'a pas grand intérêt, ce sont les réactions qui sont révélatrices car elles sont clairement exagérées par rapport à l'enjeu. En quoi des organisations comme le Mrap, la Licra ou l'Union des étudiants juifs de France ont-elles intérêt à s'indigner d'une telle insignifiance, si ce n'est pour faire parler d'elles? Pour justifier jusqu'à leur existence? On attend aussi les réactions véhémentes de la Ligue des droits de l'homme et de SOS-Racisme. La boucle sera bouclée.

Bien sûr que non, les chambres à gaz ne sont pas un détail de la Seconde guerre mondiale. Elles n'en constituent pas l'essentiel, mais elles ne sont pas un détail car le système nazi a été au coeur de cette tragédie mondiale, et que la Solution Finale a été son aboutissement affreux et logique.

Une fois qu'on a dit ça, cela devrait suffire. Pourquoi ne s'en contente-t-on pas? On ne devrait pas avoir besoin, comme le Mrap et l'Uejf en ont déjà l'intention, de déposer plainte. Pour que le juge dise "vous avez tort de penser cela"? A quoi cela servira-t-il? Même s'il était condamné, à une amende ou une peine d'inéligibilité, il continuera de le penser.

A la limite, on peut même affirmer que ces associations de bien-pensance font plus de pub qu'autre chose à Le Pen. Autoriser tous les propos sur la place publique (sauf appel au meurtre, ou ce genre de choses, bien sûr) c'est se donner la possibilité de les contester. Les interdire, les pourchasser, les poursuivre, c'est non seulement prendre le risque de les reléguer à la sphère privée (où il sera plus difficile de les contester), mais en plus, donner du grain à moudre à toutes les théories du complot possibles et imagineables.

Publié dans Chafouinage

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M
C'est lui donner trop d'importance que d'en parler autant.Un historien dirait cela, ce serait défendable.Laissons le mourir tranquille.
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O
@ JenniferOui, le Chafouin est très gentil, il nous aime bien...Je suis bien évidemment favorable à un état de droit ! Mais un tel état n'est pas nécessairement lié à la démocratie, même si, effectivement, elle en favorise l'éclosion. Pour que notre démocratie marche bien il faudrait, à mon humble avis, qu'elle reconnaisse que certaines valeurs ne peuvent pas être discutées. Ce qui n'est pas le cas.
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J
@ Oscar: En ce qui concerne le dogmatisme, la démocratie représentative et l'Etat de droit restant à ce jour la meilleure protection des droits humains, ils ne me semblent en effet pas plus négociables que ces derniers!L'Etat de droit dans lequel nous vivons, nos institutions chargées de garantir la liberté d'expression, le droit à un procès équitable, le droit de vote et de se présenter à des élections, etc., témoignent des fondamentaux politiques - les droits humains - sur lesquels ils s'appuient. Ces dispositifs et institutions ne fonctionnent pas parfaitement, il n'en reste pas moins que nous vivons toujours dans un Etat de droit et dans un régime démocratiques. Il est vrai que ceux qui devraient réaffirmer politiquement ces fondamentaux ne font vraiment pas bien leur travail - et le Président de la République notamment... qui ne le fait pas du tout. <br /> Mais nous ne risquons de disparaître en tant que démocratie que si l'Etat de droit disparaît et si nos institutions politiques et nos textes fondateurs sont modifiés pour servir la tyrannie. Nous n'observons rien de tel aujourd'hui, même si un certain nombre de pratiques, de décisions réglementaires et législatives fragilisent incontestablement et dangereusement la démocratie française.<br /> <br /> Notre démocratie est imparfaite, mais elle vit, sous la protection d'institutions et de dispositions qui font à leur tour vivre nos fondamentaux politiques, jour après jour dans notre quotidien. Enfin, une démocratie qui met ses propres valeurs aux voix est une démocratie qui vit - mal peut-être - et s'interroge sur elle-même."Il y a cinquante ans, le respect de la vie humaine de sa conception à sa fin naturelle était un fondamental": nous voilà sur un tout autre débat, nous nous éloignons de notre propos initial! Je puis néanmoins vous affirmer que je suis effectivement en faveur de la contraception et du droit à l'avortement - ce qui n'est en rien s'opposer aux droits humains -, bien au contraire. L'avortement est très encadré, justement pour empêcher qu'il ne s'oppose de quelque manière que ce soit aux droits humains. Mais est-ce bien là le lieu d'en discuter? Nous abusons de l'hospitalité de Mr Le Chafouin, non?
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O
@ JenniferQue la démocratie soit le meilleur régime reste à prouver ! Je n'en suis pas personnellement convaincu, et cette idée est imposée avec un dogmatisme à faire frémir le pape. Je suis cependant d'accord avec vous pour réaffirmer les fondamentaux, tels que décris dans les droits de l'homme. Cependant, quand ces fondamentaux sont remis en cause par la majorité, que faire ??????? Si les fondamentaux sont soumis au consensus, que faire ??????? Il y a cinquante ans, le respect de la vie humaine de sa conception à sa fin naturelle était un fondamental. Plus maintenant, apparemment. Et pourtant vous jugez que nous sommes encore en démocratie. Mais qu'est-ce qu'une démocratie qui met ses valeurs aux voix ?????
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J
@ Le Chafouin:Je viens juste de le voir! Je vous y répond de suite :)
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