Ségolène Royal, le grand écart entre l'antilibéralisme et le MoDem

Publié le par Le chafouin

Mais quelle mouche a piqué Ségolène Royal? Piégée par un duel sémantique avec Bertrand Delanoë sur la définition du mot "libéralisme", celle qui prétend incarner le PS enchaîne les contre-sens et s'empêtre dans un grand écart incertain entre l'antilibéralisme et le MoDem.

Militants, militantes socialistes. Si vous désirez perdre en 2012, de grâce, choisissez tout de suite Royal pour gouverner le PS : le résultat sera couru d'avance. Et la droite pourra passer toutes les réformes qu'elle voudra, sûre d'être réélue au bout. Au moins par défaut.

Hier, la candidate déjà malheureuse une fois - et qui n'a jamais tiré aucune leçon de cet échec à part pour dire que c'était la faute des autres - s'est expliqué sur les raisons qui l'opposent fictivement à Bertrand Delanoë (qu'on se prend même à aimer, un comble), qui en s'affirmant "socialiste et libéral", a non seulement créé l'événement au PS (il suffit de voir combien de blogs se sont déchirés sur cette question somme toute futile), mais en plus, coupé l'herbe sous le pied de son "adversaire". Celle-ci tente depuis, maladroitement, d'en faire un clivage pour le Congrès de Reims...

Je rappelle pour les distraits du fond que la semaine passée, notre Jeanne d'Arc de gauche avait déclaré ceci, provoquant la fureur de sociaux-démocrates éminents :  «Je ne pourrais jamais dire : je suis libérale. Je ne crois pas qu’il faille réha biliter ce mot et ce concept. C’est le mot de nos adversaires politiques, synonyme de capitalisme débridé, d’écrasement des bas salaires, de violence».

Enfin, s'est expliquée, disons qu'elle s'est embrouillée. Sur France Info, elle est allée raconter que le libéralisme était responsable du fait qu'aujourd'hui, "il n'y a jamais eu autant de misère". Va dire ça aux ouvriers du XIXe siècle. Première ineptie!

Pire, elle a scandé qu'il ne fallait pas "aller piocher à droite son idéologie et son vocabulaire". Comme si ce genre de considération devait être à la base d'un discours politique. Et après, elle ose dire que "le Congrès de Reims, les Français s'en moquent". Sectarisme, quand tu nous tiens. En ce moment, je rêve d'un punching-ball grimé en présidente du Poitou-Charentes. Deuxième idiotie!

Elle confond libéralisme et néo-libéralisme, cette truffe. Elle ne sait que répondre quand les journalistes, avec malice, lui rappellent cet interview au Point que j'évoquais ici même en son temps, et dans lequel elle disait exactement la même chose que Bertrand Delanoë en établissant une distinction entre libéralisme philosophique et politique, et libéralisme économique.

Elle s'emmêle les pinceaux. Et croyant faire la synthèse des gauches, elle enjambe de façon hasardeuse le PS en se faisant passer pour "antilibérale" et en pronant dans le même temps une alliance avec le MoDem. Aux journalistes qui lui demandaient s'il n'y avait pas là une contradiction évidente, elle répond d'ailleurs : "Je vous le dirai. J'aborderai cette question sans tactique et sans tabou". Mais c'est tout de suite qu'on veut la réponse!

Voilà. Elle est une nouvelle fois allée trop loin, et telle un gamin pris la main dans le pot de confiture, elle ne sait pas comment se dépatouiller de tout ça, et elle s'embrouille. Et on voudrait lui confier les clefs d'un parti, voire de la France?

Publié dans Politique

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A
Je vois ça avec mes yeux de militants MoDe effaré. Les joutes sémantiques entre les deux adversaires sont d'une bêtise insoutenable. Alors j'y vois bien des manoeuvres politique... Mais à l'haure où il est plus que jamais nécéssaire d'aborder le fond... C'est franchement ridicule.
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L
J'ai fait exactement le même chemin que toi. je le regrette, parce que ça fait "vieux con", mais je me refuse désormais à pratiquer la politique du moins pire au second tour. Il reste à espérer qu'on prenne enfin en compte la question du vote blanc! Sinon, je m'abstiendrai carrément.
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A
"Franchement, je ne regrette pas d'avoir voté blanc l'an passé. mais à<br /> tout prendre, entre elle et Sarkozy, je préfère encore Sarkozy. Je<br /> préfère le cynisme et la manipulation à la bêtise."Justement, quand je disais que j'allais redéfinir ma position politique, je voulais écrire un billet sur mon dépit d'avoir fait un choix aux élections. Je m'étais laissé convaincre qu'en tant que citoyen, je me devais de voter pour le moins pire, alors que dès le départ je ressentais le désir de voter blanc. Et je regrette de ne pas être resté sur cette position.Finalement, un an après, j'en suis arrivé à la conclusion que se contenter de voter pour le moins pire, cela revient à donner son accord à une politique de médiocrité. Et que cela ne fait en rien de moi un meilleur citoyen, bien au contraire.Si la classe politique française ne connaît pas de bouleversement profond dans ses moeurs et dans ses actions (et vu comment ça se passe en ce moment c'est mal parti), je n'aurais pas d'autre choix que de voter blanc pour les prochaines échéances d'envergure nationale, et je n'aurais plus la moindre appréhension cette fois-ci.J'userais de mon droit de vote, car il est hors de question que je laisse dépérir ce bien si précieux, pour sanctionner toute cette médiocrité. Mais au lieu de me réfugier dans l'opposition ou dans les extrêmes comme tant d'autres, et n'en retirer aucun avantage pour mon pays, je me réfugierais dans la seule voie qui me serait alors acceptable.Mais soyons optimistes ! Une autre France est possible ! ;-)
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L
@aymericA mon avis tu es dans le vrai mais partiellement seulement. Il y a deux autre sphénomènes : le fait que les parti exercent un choix initial sur lequel on en peut pas peser. En l'occurrence, ségolène royal a été choisie alors que ses deux concurrents étaient bien plus aptes à exercer la fonction. Ce sont les sondages, et la pression médiatique du "oh, super, une femme" (ça se passe de commentaire), comme aujourd'hui elle dit "super, un noir" pour Obama, qui ont emporté la décision.Je ne me résoudrai jamais, ceci dit, à me laisser représenter par une catastrophe ambulante pareille. Franchement, je ne regrette pas d'avoir voté blanc l'an passé. mais à tout prendre, entre elle et Sarkozy, je préfère encore Sarkozy. Je préfère le cynisme et la manipulation à la bêtise.
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A
"Elle est effectivement un symptôme de choix. Ta réflexion est très<br /> intéressante là dessus. Mais ses errements sont tellement pitoyables<br /> que ce qui pose question, c'est son succès je trouve."Je dirais tout simplement que l'on a les élites que l'on mérite. Quand les français se montrent opportunistes au moment des élections, en cherchant à voter pour le candidat qui leur fait les plus belles promesses, quoi d'étonnant alors si ce sont les plus démagogues qui l'emportent ? Quand les français sont à ce point versatiles, changeant d'avis comme de chemises sur à peu près tout, c'est dès lors du pain béni pour les girouettes.La raison de son succès : Ségolène Royal est à l'image de notre société.Tant que nous nous comporterons en électeurs au lieu d'être des citoyens, nous devrons nous contenter d'être représentés par des politiciens tacticiens et bonimenteurs alors que nous pourrions avoir des gens compétents et honnêtes. Et ça, malheureusement, je n'y crois plus...
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