Pourquoi ne pas supprimer les taxes sur l'essence?
Je ne suis pas du tout du même avis que Radical Chic, qui la semaine dernière, nous expliquait à mots couverts qu'il en avait assez d'entendre les médias relayer les pleurnicheries des victimes de l'envolée des cours du pétrole.Certes, les éternels reportages sur le prix du gasoil permettent rarement d'ouvrir une réflexion de fond sur le problème des énergies.
Mais je ne comprends pas ce collectivisme latent qui pointe le bout de son nez (rouge) aussitô qu'on aborde le problème des taxes. Un des arguments de Radical Chic est notamment de relativiser l'impact de l'augmentation du brut sur le budget des ménages : "Bien sûr ceux qui plaignent les salariés modestes massacrés par le prix de l'essence ne prennent pas en compte les revenus de redistribution qu'ils touchent, payés en grande partie par la TIPP ou la TVA, mais bon ne cherchons pas trop loin. Et bien sûr, on ne rapporte pas le prix du carburant au coût total d'une bagnole : combien de litre de gazole valent les jantes de merde, les option peinture métallisée ou l'intérieur cuir ? Combien par rapport à l'assurance, aux frais financiers, au parking, au garagiste ?"
Ce qui revient à dire : "Au fond, pourquoi ce plaignent-ils, ces bouseux, puisqu'ils pourraient économiser en arrêtant de tuner leurs voitures. Et puis en plus, les sous qu'ils mettent dans l'essence leur reviennent indirectement par le RMI et la rénovation du jardin public du quartier!"
Vraiment, je ne comprendrai jamais qu'on puisse piquer dans les poches des gens avec la main gauche, pour leur redonner ensuite l'argent de la main droite. Pourquoi taxer l'essence, si elle atteint des prix records? Et quelle est la justification morale d'un enrichissement de l'Etat par un tel biais?
Bien sûr, supprimer les taxes reviendrait à encourager la consommation d'essence, à un moment où on a plutôt besoin d'envisager des solutions alternatives. Deuxième point, la dépendance que ressentent beaucoup de gens vis à vis de l'essence aurait pu être amoindrie si certaines collectivités avaient fait marche arrière plus tôt dans la politique du "tout-bagnole". Nous sommes d'accord, il y a là un vrai sujet et deux arguments plutôt convaincants.
Mais en attendant que les mentalités changent, qu'est-ce qu'on fait? On punit les citoyens des erreurs et des petites lâchetés commises par les élus? On répond au coup par coup aux inquétudes des professions touchées par la crise, en fonction de leur mobilisaiton et de leur capacité de nuisance? Ou bien on essaie d'agir véritablement et de supprimer toute taxe sur le gasoil?