Prime à la cuve, ou comment tenter de faire prendre des vessies pour des lanternes

Publié le par Le chafouin

La solution pour tenter d'amortir dans la poche des Français les augmentations du prix du gasoil et de l'essence a été toute trouvée : forcer Total à contribuer encore d'avantage au paiement de la prime à la cuve.

Ben voyons! Hormis le fait qu'il soit politiquement judicieux mais moralement douteux de faire payer à Total des changements de cours auxquels elle ne peut rien, il y a de quoi s'interroger avec cette mesure qui touchera... Tenez vous bien : 700 000 foyers! Oui, vous avez bien lu! Montant total de l'ardoise : 102 millions d'euros.

On croit rêver. On va aider ceux qui se chauffent au fioul et qui sont non imposables, et les autres, basta, circulez, y'a rien à espérer. C'est assez drôle car lorsque l'autre jour, nous parlions ici même de l'opportunité ou non de supprimer les taxes sur l'essence, beaucoup ont répondu que ce serait un mauvais signal pour le développement durable et l'écologie.

Et là, paf, on récompense ceux qui se chauffent au fioul, une des énergies les plus dégoûtantes qui soient.

On peut en être certain : cette mesure est donc uniquement politique. Comme il est impossible de modifier nos taxes, en raison de ces satanés engagements européens, eh bien on fait mine de froncer les sourcils, de montrer les gros bras et de se la jouer gauchistes. On simule le coup de force sur Total, qui s'en tire bien et lui aussi, fait ine de souffrir alors qu'en réalité, la firme redresse son image à peu de frais (comparés aux douze milliards de bénéfices réalisés en 2007...) Comme l'écrivait Authueil dimanche, "en créant cette "prime d'aide à la cuve", le gouvernement aide Total, en lui offrant le moyen de maximiser l'effet symbolique des versements qu'il est obligé, politiquement, de faire. Au passage, le gouvernement se rend service en montrant qu'il n'est pas indifférent au problème (bien réel) et qu'il agit."

C'est dingue comment on peut tenter de faire croire n'importe quoi aux masses. Et c'est fou de constater que ça fonctionne. J'aimerais juste être petite souris, et savoir ce qu'a négocié Total en échange de ce (mini) coup de pouce politique.

EDIT : un lecteur avisé me fait remarquer qu'il y avait un bon jeu de mots à faire dans le titre. Il a raison, j'aurais dû écrire : "Prime à la cuve, ou comment tenter de nous faire prendre des vessies pour des citernes".

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
Je crois que eu égard à la violence des attaques qui lui sont portés, Total est heureux de s'en tirer à si bon compte, entre guillemets. Mais je crois que ni moi, ni authueil ne cojnsidérons normal cette ponction. On interprète juste la situation par apport à la mentalité française...
Répondre
L
salut le chafouindésolé pour le délai dans ma réaction.1) j'ai dit à Authueil tout ce que je pensais de son argumentation sur son blog. Je n'ai eu en retour qu'une attaque Ad Hominem en me faisant "traiter" d'ultra-libéral. Etonnant sens du dialogue...! Faut il être d'accord avec sa seigneurerie pour qu'il daigne participer à une discussion ? je plaisante, mais à peine.2) Je persiste. Que les dirigeants de Total soient suffisament intelligents pour faire passer le truc comme un acte volontaire pour redorer leur blason, je n'en doute pas. Et vous avez raison, toi et Authueil de le souligner. Mais ça n'en fait pas un argument pour dire que Total est bien content...si ?
Répondre
E
J' espère que le haro sur Total contribuera à ouvrir les yeux du bon peuple sur la démagogie des politiques.Le pompon a été tenu par le ravissant néo-libéral  Bertrand dénonçant les dirigeants de Total qui "se goinfrent".
Répondre
L
@LomigTu prends tout à l'envers! Je n'ai jamais dit qu'il était juste que total paie. J'ai dit ceci :Total, en ce moment, est très impopulaire. A tort ou à raison. Il se trouve qu'elle engrange des profits records, et que les gens, eux, voient bien que leur essence leur coûte de plus en plius cher. Tu ne peux leur en vouloir de faire le lien. Ensuite, eh bien l'Etat, lui, ne peut rien faire pour baisser les taxes parce qu'on est tellement idiots qu'on a abandonné à l'Europe nos marges de manoeuvres fiscales. Donc la solution de facilité pour tout le monde est de faire financer (et non pas taxer, nuance!) par Total la plus grosse partie de la prime à la cuve. Total a été reçu par Bercy, a accepté. Relis la presse, je t'assure : il n'y a pas eu de contrainte, mais une négo. Lis Authueil, son papier est complémentaire au mien et plus fouillé sur ce point.
Répondre
L
Un petit rappel tout de même : jusqu'à preuve du contraire, l'Etat détient le monopole de la contrainte. C'est son rôle. Il n'y a donc pas le choix pour Total de payer ou non une taxe. Depuis quand les citoyens ou les entreprises choisissent librement quelles taxes ils/elles payent ?Je sais bien tout le mal que les gens peuvent penser de Total. ça n'en fait pas un argument contre cette grande entreprise. Sauf si on décide que c'est maintenant les micro-trottoirs qui disent où se trouve la vérité. C'est possible, dans une certaine mesure. Je ne rentre pas dans ce jeu.La contrainte est la contrainte ; le petit jeu de rhétorique consistant à vouloir faire croire que Total est bien content de payer cette taxe est à mon avis malhonnête intellectuellement. Tu sais très bien que ça n'est pas vrai.
Répondre