La mondialisation du relativisme

Publié le par Le chafouin

Je ne sais pas si la mondialisation est en soi une bonne chose, mais en matière de moeurs, cela donne tout et n'importe quoi. Tout fonctionne comme si, finalement, la libre circulation des personnes entraînait une permissivité sans nom et un relativisme moral absolu, chaque législation représentant en théorie la volonté générale de la majorité.

Tu veux quelque chose, ton pays te le refuse? Qu'à cela ne tienne, tu peux te précipiter chez le voisin, qui lui, l'autorise. Ainsi, il est possible d'aller se faire assister au suicide en Suisse. De se marier en Belgique, pour les personnes homosexuelles. Ou même d'y concevoir un enfant. On peut avorter jusqu'au huitième mois de grossesse en Espagne. Toutes ces choses étant légales dans ces pays, comment empêcher des étrangers d'en bénéficier?

On peut aussi, si on a 59 ans et qu'on veut à tout prix un bébé, aller au Vietnam pour y bénéficier d'un don d'ovocytes. En France, la loi de bioéthique de 2004 prévoit pourtant des conditions strictes : "La receveuse doit souffrir d'une infertilité pathologique, ou il doit exister un risque de transmission d'une maladie grave à l'enfant. Le couple doit être en âge de procréer, et la majorité des centres français autorisés fixent la limite d'âge de la receveuse à 42 ans, voire 40 ans, du fait du trop faible nombre de donneuses. La donneuse doit avoir déjà eu au moins un enfant et être âgée en principe de moins de 37 ans."

Pourquoi empêcher une femme d'avoir un enfant à 59 ans? Voire trois? Quand ces triplés auront 20 ans, elle en aura près de 80. Peut-être la nature, finalement, fait-elle bien les choses?

Malheureusement, on laisse les individus adopter ce type de comportement absolument contre-nature. On laisse passer leur volonté, et donc leur  éventuel égoïsme, avant l'intérêt de la société et de l'Homme, avec un grand h.

Tout cela, pourquoi? Parce que les normes morales n'existent pas, tout simplement. Le bien et le mal, de nos jours, sont des valeurs relatives, puisque les lois, au lieu de dépendre du bien commun, sont dictées par les intérêts particuliers. S'il on conjugue cela à l'échelle mondiale, on se retrouve tout naturellement avec des visions très différentes de ce qui doit être ou non permis.

Ce qui, intellectuellement, n'est pas du tout séduisant. Ni rassurant. Car cela nous rappelle que la norme n'est pas infaillible. Et cela relativise beaucoup la prétendue supériorité morale et civilisationnelle du modèle occidental démocrate.

Publié dans Société

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L
Pour le cas en question, je ne parlerai pas de sanction à proprement dit. Si cette femme veut se faire inséminer à un âge interdit en France, elle peut le faire à l'étranger, cela personne ne peut l'empêcher. Et elle n'est pas coupable légalement parlant. En revanche, qu'elle ne vienne pas se faire accoucher en France, mais au Vietnam si elle trouve ce pays si cool...A elle de prendre ses responsabilités, faut pas déconner...
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L
Ces changements importants d'un côté et de l'autre d'une forntière sont peu rationnel sen soi, mais leurs conséquences sont zaussi risibles : dans le cas de cette femme, pourquoi la France accepte-t-elle une violation de sa loi? On en revient aux propositions de sanctions d'Elyas... A quoi bon reconnaître la suprématie de la volonté générale en france, si elle a au-dessus d'elle celle du vietnam ou de la suisse? ;)
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L
Et cela vaut aussi bien pour les "normes" religieuses qui pouvaient s'imposer à tous, quelles que soient les diversités culturelles, sociologiques etc.. entre différentes sociétés ou même à l'intérieur d'une société. Losque la "norme" etait remise en question, elle l'était pour tous et partout. Cette norme suprême n'existe plus, ayant été remplacé par la religion des droits de l'homme. On peut apprécier ou pas, mais le résultat est que du coup chacun est obligé de se faire sa propre sauce.
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L
le relativisme existe parce que justement la "norme" naturelle (i.e la loi de la nature) est dépassée... une fois que cette limite naturelle est franchie, chaque culture, chaque civilisation, chaque peuple ou état est obligé de se fixer ses propres limites, qui dépendent de tout un tas de facteurs qui diffèrent énormément d'un endroit à l'autre. Ce qui donne le résultat qu'on connait, où paradoxalement d'un coté de la frontière on a "droit" à certaines choses interdites 10 mètres plus loin... ridicule en soi, mais compréhensible.
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L
@lalooseD'accord avec ta chute : je pense que la plupart des gens s'en foutent et passé un moment où ils se disent "80 ans, quand même!", ils repartent dans leur vie stressée et oublient vite : ça ne les révolte pas. De la même façon que pour l'avortement, beaucoup sont favorables à la liberté de le fairemasi ne le feraient pour rien au monde. C'est cela que tu appelles majorité attentiste, et en fait on pourrait aussi l'appeler majorité silencieuse qui se fait toujours marcher sur lespieds.Il est donc important, et je crois que c'est ça la base de tout, de rappeler que l'humain n'est pas un matériau (cf ce que dit oscar) ni un jouet, et que l'Homme n'a aucun droit sur lui-même.Assez d'accord aussi avec ce que tu dis sur la Nature, car on dit bien que "dieu pardonne toujours, l'homme parfois, et la nature, jamais". Cette femme le regrettera, et ses enfants aussi.Après, je voulais surtout dire que ce relativisme pose question à l'heure où on prétend à l'infaillibilité non pas pontificale mais de la volonté générale.
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