11-septembre : on doit toujours être libre, y compris de dire des sornettes
Ceux qui affirment haut et fort que l'idiot du village, Jean-Marie Bigard, a été malmené pour les propos de comptoir qu'il a tenus sur les attentats du 11-Septembre doivent un peu réfléchir : non, messieurs-dames. Ce cher M. Bigard a parlé librement, il s'est planté, et il a reçu un juste châtiment, c'est-à-dire une volée de bois vert médiatique.
Il n'a pas fait l'objet d'une plainte, n'a pas été convoqué en justice (j'en connais d'autres qui sont déférés à la moindre incartade), n'a pas été arrêté, il n'y a pas eu d'émeutes devant sa maison. Il n'a pas été inscrit dans le fichier Edvige, n'a pas été placé sur écoute, n'est pas filé par la CIA.
Soyons donc clairs : on doit toujours être libre de tenir ce genre de propos, ce qui est valable pour ce cuistre de Bigard, mais ensuite, il faut assumer. Une Marion Cotillard doit pouvoir s'épancher sur ses thèses conspirationnistes et ridicules, sans que cela porte atteinte à sa carrière et sans être démolie outre-Atlantique. Mais il ne faut pas qu'elle s'étonne si ensuite, on la prend pour une cruche.
D'ailleurs, l'est-elle seulement? Est-on si coupable de se délecter devant ces films, sur Dailymotion ou You Tube, visionnés plusieurs centaines de milliers de fois, et qui nous font un bien fou, car ils contentent notre instinct parano qui nous incite à nous méfier du pouvoir et à systématiquement penser qu'il nous ment?
C'est un des dommages collatéraux du relativisme : il y a tellement de sources d'informations qu'on ne sait plus qui ou quoi croire. On voit tellement d'images que tout se brouille dans notre tête, qu'on peut croire les thèses les plus folles parce qu'elles se présentent sous les atours du documentaire scientifique et contradictoire. Surtotu quand on est au pays de l'anti-américanisme primaire...
Or quand on regarde ces films, que voit-on? Des interviews de soi-disant victimes (on en saura jamais s'ils ont déjà mis les pieds à New York) ayant entendu des explosions dans les tours. Des interrogations sur la chute de la tour 7 (la troisième), sur le mode "un building de cette taille ne s'est jamais écroulée suite à un incendie, na" (et avant d'être opéré de l'appendicite, je ne l'avais jamais eue), alors même qu'une enquête vient de montrer que le feu était bien la cause de son effondrement. Des inepties sur le Pentagone : "ils ne montrent pas les images vidéos, c'est louche", ou pire, "on voit bien que c'est une trace de missile, pas d'avion", ce qui laisse songeur car la plupart de ceux qui s'expriment ainsi n'ont aucun diplôme en ballistique... Le pompon, si j'ose dire, est remporté par ceux qui assurent que certains terroristes censés être morts dans les attaques sont en fait bien vivants! Mais oui, je les ai croisés dimanche à la boulangerie, pas vous?
Ce qui est étonnant, au fond, ce n'est même pas que ces thèses fleurissent, car c'est quasi-incontournable. Non, ce qui est surprenant, c'est la force de conviction de ceux qui la professent. Ils sont per-su-a-dés. C'est bien ça, le problème...
Quant à moi, en ce jour anniversaire de ces sinistres attentats, je continue de croire, faute d'avoir été convaincu du contraire, à la thèse officielle : ce sont bel et bien des satanés extrémistes musulmans qui ont balancé des Boeing dans ces Tours. Et toc.
Et tous les petits malins à la science infuse, qui s'étonnent ou qui tirent argument de la non-réaction des Etats-Unis, ou de leur inertie ce jour-là, se rappeleront peut-être qu'avant cette date, personne n'aurait jamais imaginé qu'une chose pareille puisse arriver...