Ségolène Royal : cachez cette candidature que je ne saurais voir
Ségolène Royal, lâchée dans les sondages dans la lutte pour la prise de contrôle du parti socialiste, cherche à faire diversion en tentant de jeter le doute sur sa candidature, lundi soir sur TF1.
"Je n'en fais plus un préalable (...) Je veux mettre un coup d'arrêt à cette lente dégradation du niveau du débat au Parti socialiste. Je veux que nous montions d'un cran, et donc ce que je propose c'est que chacun mette au frigidaire les questions de candidature soit au poste de Premier secrétaire, soit pire à l'élection présidentielle parce qu'il y a là encore quelques années à attendre, parce que je pense que c'est cette façon de faire qui dégrade les choses."
Rappelons que la même disait à l'été 2007 qu'il fallait que le prochain premier secrétaire soit également candidat à 2012, pour éviter la primaire et les incontournables querelles d'égos qui y sont associées. Mais on n'est pas à une incohérence près, dans la vie. Soyons tolérants. Et poursuivons :
"Je pense que ce sujet doit disparaître pour l'instant des débats du congrès, je pense que j'ai une responsabilité particulière pour le faire, parce que j'ai été candidate à l'élection présidentielle, que j'ai porté l'espérance, avec les socialistes, mais avec tous ceux aussi qui voulaient autre chose que ce que la France a aujourd'hui, 17 millions d'électeurs qui ont espéré d'autres valeurs. Et pour eux, avec eux il faut continuer ce qui s'est passé dans la campagne présidentielle, il faut continuer à porter cette espérance et donc les socialistes doivent être à la hauteur de l'attente qu'ils portent."
Ben voyons! Madame n'est pas favorite, donc madame trouve dérisoire de parler de candidature. Tout en se dépeignant comme la plus apte pour le job, avec sa "responsabilité particulière". En gros, le message est le suivant : "vous voyez, je ne cherche pas à me mettre en avant, avec moi ce sont les idées qui comptent". Le but est simple : faire du pied à Pierre Moscovici, en pleine détresse, incapable de fédérer au-delà de quelques barons de la Ligne claire, en lui faisant croire qu'un ralliement lui serait profitable. Ou comment renforcer sa candidature en la cachant pudiquement : à aucun moment dans cet entretien avec Laurence Ferrari, ne transparaît l'impression que Ségolène Royal envisage de se retirer. Aucun.
Au fond, tout ceci n'est qu'imposture tactique, pour faire parler, pour reprendre l'avantage psychologique et pour s'imposer en sage mystique portant en bandoulière un véritable talisman, le suffrage de près de 17 millions de Français et de Françaises! Une femme au-dessus de la mêlée, une femme au-dessus des querelles de personnes. Une femme qui ne s'adresse pas qu'aux militants socialistes mais aussi à tous les sympathisants de la gauche, et mieux, à la France entière. Une femme qui ne se préoccupe pas de guerres internes et intestines, mais se soucie du bien commun, de la souffrance, du chômage, de la précarité.
Il faut avouer que c'est relativement bien joué. Mais franchement, qui y croit? Je veux dire, qui y croit sincèrement, sans esquisser un rictus aux coins des lèvres?