Economie : que dit la doctrine sociale de l'Eglise?

Publié le par Le chafouin

Je ne comprends pas grand-chose en économie, science complexe qui nous gouverne tous alors même qu'il n'est pas facile de l'appréhender. Et pourtant, quand on réfléchit à l'instinct, et qu'on essaie d'analyser la situation actuelle d'un point de vue social, on ne peut être qu'atterré par les conséquences sur l'économie américaine, et partant, mondiale, du désastre de la crise des subprimes, dont la chute de Lehman Brothers n'est que le dernier avatar.

Verel a l'extrême amabilité de nous résumer en termes choisis et vulgarisateurs ce qui semble être la résultante directe d'une forme de gourmandise et d'âpreté au gain. On a aussi tendance à penser que si les traders se comportaient un peu moins comme des geeks ou des fanas de jeux vidéo, on n'en serait pas là.

On pourrait aussi gloser sur les 700 milliards que le Trésor américain (donc les contribuables, et au final, vous et moi en paierons également le prix) va débourser pour calmer le jeu et éviter l'effet boule-de-neige causé par la chute d'une banque d'affaires aussi importante. On pourrait pleurer de rage en regardant l'Etat, tant vilipendé par les requins de la finance, servir constamment de pompier pour circonscrire les incendies allumés par ceux qui contribuent si peu au bien commun. Et qui se font un beurre dingue en refusant d'assumer les conséquences de leur inconséquence. On aurait parfois envie de balancer des briques avec les crypto-gauchistes.

Mais on préfère se calmer, boire un grand verre d'eau, respirer un bon coup et essayer de réfléchir sereinement. On se souvient d'ailleurs qu'Ivan Rioufol terminait ainsi sa note sur la visite de Benoît XVI en France : "La crise financière internationale, qui secoue les États-Unis et qui n'épargnera pas l'Europe, oblige à s'interroger sur un système économique dévoyé. Là aussi, la doctrine sociale de l'Église a une place à prendre dans les réflexions à venir."

Mais c'est quoi au fait, la doctrine sociale de l'Eglise? On en parle beaucoup mais que dit elle sur tous ces sujets? Grâce au ciel, nous ne sommes pas manchots, et une courte recherche internet nous mène au septième chapitre de la fameuse doctrine, qui semble résumer le discours évangélique en matière économique.

Bien sûr, il est inutile de chercher à y trouver un quelconque programme politique, l'Eglise ne se mêlant pas concrètement du temporel. Il s'agirait plutôt d'une énumération de grands principes, de grandes lignes que l'Eglise propose comme des pistes de réflexion pour tenter d'atteindre le double idéal de charité (que d'aucuns appellent solidarité) et de justice.

La base de tout, c'est que l'économie « n'est qu'un aspect et une dimension dans la complexité de l'activité humaine" (§365), et que  "l'activité économique et le progrès matériel doivent être mis au service de l'homme et de la société" (§326). D'où le principe de la destination universelle des biens, les richesses ne remplissant "leur fonction de service à l'homme" que "quand elles sont destinées à produire des bénéfices pour les autres et pour la société" (§328). Cela peut paraître évident, mais à y regarder de plus près, nos lois économiques sont-elles toujours destinées à satisfaire l'intérêt général, et le bien-être de l'homme, ou plutôt à s'assurer le soutien électoral de telle ou telle catégorie de la population? On pourrait y trouver matière à contester la primauté de principe accordée de nos jours à la démocratie moderne, mais on dépasserait un tantinet le cadre du sujet.

La DSE est bien sûr favorable à la propriété privée, à la liberté d'entreprendre, et même à l'économie de marché (§334) sous réserve que son développement ne soit pas uniquement quantitatif : "L'objet de l'économie est la formation de la richesse et son accroissement progressif, en termes non seulement quantitatifs, mais qualitatifs : tout ceci est moralement correct si l'objectif est le développement global et solidaire de l'homme et de la société au sein de laquelle il vit et travaille".

Et sur le sujet qui nous préoccupe, à savoir le marché et la finance, les choses sont dites clairement : rien ne peut fonctionner si, encore une fois, le but n'est pas le bien de l'Homme mais l'intérêt de quelques-uns ou la passion immodérée pour l'argent ou la richesse. Qui n'est pas condamnée en soi, bien entendu...

Le principe de base est qu' "il existe de bonnes raisons d'estimer qu'en de nombreuses circonstances le marché libre soit l'instrument le plus approprié pour répartir les ressources et répondre efficacement aux besoins", et qu'un "vrai marché concurrentiel est un instrument efficace pour atteindre d'importants objectifs de justice : modérer les excès de profit des entreprises; répondre aux exigences des consommateurs; réaliser une meilleure utilisation et une économie des ressources; récompenser les efforts des entreprises et l'habileté d'innovation et faire circuler l'information de façon qu'il soit vraiment possible de confronter et d'acquérir les produits dans un contexte de saine concurrence. " (§ 347) Le §349 ose même parler du marché comme d'un "instrument irremplaçable de régulation du système économique".

Voilà qui, du coup, nous éloigne un tout petit peu des crypto-gauchistes dont nous parlions précédemment, et qui de toutes façons ne rêvent que de casser du catholique, les fourbes. Ils ont de la chance qu'en face, le discours soit teinté d'amour!

Ceci étant posé, les limites établies sont strictes et n'accordent aucun blancs seing à quelque main invisible que ce soit : "Le marché ne peut pas trouver en lui-même le principe de sa propre légitimation (...) Le profit individuel de l'agent économique, bien que légitime, ne doit jamais devenir l'unique objectif. À côté de celui-ci, il en existe un autre, tout aussi fondamental et supérieur, celui de l'utilité sociale, qui doit être réalisé non pas en opposition, mais en cohérence avec la logique du marché. Quand il remplit les importantes fonctions rappelées ci-dessus, le marché libre sert le bien commun et le développement intégral de l'homme, tandis que l'inversion du rapport entre les moyens et les fins peut le faire dégénérer en une institution inhumaine et aliénante, avec des répercussions incontrôlables." (§ 348)

Les répercussion incontrôlables, ça ne vous rappelle rien? Non, vraiment rien?

La finance n'est pourtant elle non plus pas condamnée en soi puisque le §368 reconnaît que "l'expérience historique atteste qu'en l'absence de systèmes financiers adéquats, aucune croissance économique n'aurait eu lieu" et reconnaît les "fonctions positives de l'épargne pour le développement complexe du système économique et social".

Mais on en revient toujours à l'abus et à l'excès : "Le développement de la finance, dont les transactions ont largement surpassé en volume les transactions réelles, risque de suivre une logique toujours plus autopréférentielle, sans lien avec la base réelle de l'économie."

Et au bout du bout, dans un système globalisé comme le nôtre, il y a risque de double injustice puisque "les pays exclus de ces processus, bien que ne jouissant pas des bénéfices produits par ceux-ci, ne sont pas à l'abri d'éventuelles conséquences négatives de l'instabilité financière sur leurs systèmes économiques réels, surtout s'ils sont fragiles ou si leur développement est en retard" (§369).

Et les solutions quelles sont-elles? Tout l'inverse de la dérégulation! Car selon la DSE, il est "on ne peut plus urgent de trouver des solutions institutionnelles capables de favoriser réellement la stabilité du système, sans en réduire les potentialités ni l'efficacité. Il est indispensable d'introduire un cadre normatif permettant de protéger cette stabilité dans la complexité de tous ses éléments, d'encourager la concurrence entre les intermédiaires et d'assurer la plus grande transparence au profit des investisseurs."

Mieux, il est du devoir de la communauté internationale de trouver ces solutions (§371).

Mais alors, qu'attend cette dernière pour acheter le compendium de la doctrine sociale de l'Eglise?

Publié dans Société

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T
@Chafouin<br /> Sur les facons de travailler, je ne suis pas dans les activites les plus sensibles en ce moment. Ce que je peux te dire, c est qu on est encore plus encadre, controle qu avant la crise. On nous demande egalement d etre plus averses au risque, on ne prend plus forcement les petits risques qu on prenait sans trop se poser de questions avant, on doit des fois travailler avec de nouvelles contraintes. Mais je ne suis pas grand patron ni dans le credit alors mon boulot a surement moins change que beaucoup d autres. Et honnetement, je pense que la crise est suffisamment forte pour qu elle reste dans les esprits pendant longtemps et beaucoup d activites ont du definitivement changer.<br /> Sur les propos de Jean-Francois Kahn, deja je note qu il parle "des principes du liberalisme bafoues" alors que ces deux longs paragraphes ne critiquent que l absence recurrente de concurrence. Et a ce sujet, je ne suis vraiment pas specialiste, mais lors des records d inflation en juillet on disait que le prix des biens augmentait a cause de l absence de vraie concurrence entre les hypermarches, j imagine que c est vrai en beaucoup d instances. Je note aussi qu on a critique a ce propos les lois Raffarin qui limitent l installation de grandes surfaces en centre ville (pour favoriser les PME). Finalement, on admet deux mois avant de critiquer les mefaits du grand capital que c est la reglementation qui fausse la concurrence et ruine les Francais...On aura desormais plus de hard discounters en centre ville. Peut-etre qu en presence de concurrence, la SNCF (desormais sans carte 12-25 je trouve que c est tres cher), EDF, GDF pratiqueraient de meilleurs tarifs. Mais je vois mal de quoi parle JFK, je ne suis sur qu il ne sache non plus... D autre part, si il y a un endroit sur la planete ultra-concurrentiel ou il n existe aucune manne liee au monopole, ce sont bien les marches financiers, le coeur de notre sujet, je le sais suffisamment un tant que trader, on nous demande d anticiper les cours, et c est tres difficile. La capacite qu ont des milliers, voire des millions de personnes d intervenir a tout instant rend les prix transparents, hyper competitifs, coherents. Imaginez qu en passant devant une plaquette de beurre au supermarche on vous propose 100.000 prix entre lesquels choisir: le consommateur se ferait moins avoir...<br /> Passons sur les details, le Cac n a jamais ete a 8000 ni a 7000, il a passe les 6000 points en 2000, lors de la bulle internet, et dans l ete 2007, avant l eclatement de celle du credit. Mais j ai deux choses a ajouter: d une part que si les marches se crachent en temps de crise, c est bien qu ils ont un rapport avec le "reel", d autre part que l intervention simultanee sur les marches des milliers de personnes dont je parlais dans le paragraphe precedent garantit la plus fidele estimation possible, compte tenu de l information disponible (qui elle peut beaucoup changer), des prix des actifs. Par exemple, en 2007, certaines personnes mieux renseignees, ont pense que les credits immobiliers allaient chute, en ont vendu, ont contribue a faire un peu baisse les prix du haut de leur bulle, et ont gagne pas mal d argent. Et encore une fois, c est la cupidite des acteurs qui garantit le bon fonctionnement des marches. Au passage, la possibilite que les acteurs ont de vendre des titres qu ils ne possedent pas (possibilite que veut interdire Sarkozy) me semble essentielle pour garantir la juste evaluation des titres et c est en la supprimant qu on va creer des bulles.<br /> Pour le probleme des parachutes dores, je concois que ca choque, ca me choque, mais c est comme la remuneration du President de la Republique ou les frais de bouche de Chirac: ils ne donnent pas l exemple mais c est mineur, ca ne change rien au sort d une multinationale. Une petite loi pourrait regler le probleme qui occupe toujours le devant de la scene. Qu Arthur gagne des millions a chaque emission stupide en abrutissant les gens me choque beaucoup plus.<br /> Quant a ton dernier paragraphe sur le point de vue de l Eglise, c est plus de la philosophie que de l economie mais j ai au moins trois points.<br /> 1) tu es le premier des egoistes en critiquant la bourse parce qu elle ne t apporte rien alors que tu es pret a m accorder le benefice du doute et admettre qu elle a sorti des centaines de millions de personnes d une misere noire (certians disent: "mais les pauvres ils sont exploites, ils ne sont pas heureux, ils faudrait les mettre au SMIC francais", mais pourquoi les mexicains accourent aux USA et les chinois des campagnes dans les villes ? Ils ont l air eux-memes de preferer cette situation a celle qu ils connaissaient avant la venue des marches).<br /> 2) tu te trompes en disant qu ils ne t apportent rien: si tu comptes ta voiture, tes chaussures, tes chaussettes, ton telephone, ton mp3, ta chaine hifi, ta nourriture meme, combien de choses ont ete concues au meilleur cout grace a ces marches ? Combien de choses tu n aurais jamais pu t offrir sans eux ? Ca rejoint le grand probleme de l Insee qui dit aux Francais que le pouvoir d achat a monte et les Francais qui regardent le prix de la baguette de pain; ils oublient qu ils ont un telephone portable et un mp3 dans la poche, ce que personne ne possedait il y a 15 ans.<br /> 3) on a vu a plusieurs reprises que c est la cupidite des gens qui entretient la concurrence et rend le systeme viable. Tu preches un mode de fonctionnement qui n existe nulle part, dans aucune sphere. Je parie meme que les pretres sont pour beaucoup "carrieristes" et aimeraient devenir eveque ou archeveque. A-t-on vu la France battre les Iles Feroe 10-0 et les laisser marquer deux ou trois buts pour etre "bon chretien" ? Ce systeme n existe pas non plus dans la nature, tout n est que lutte, selection et survie. Et cette lutte, par nature saine, rend le monde possible. Et tu aimerais la rayer d un coup de crayon au sujet des choses les plus serieuses qui soient. 
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L
@Trader1) Je plaisantais bien sûr sur ton chômage, je sais que tu ne le resterais pas bien longtemps et je me doute que les traders ne seraient pas les seuls touchés. A ce sujet, j'aimerais que tu nous dises, si ça t'es possible, si la crise actuelle change quoi que ce soit à votre activité et à votre façon de travailler?(Je te remercie bien sûr pour le temps que tu as pris pour expliquer, ça m'est réellement très précieux.)Car on parle beaucoup de "plus jamais ça" mais j'ai vaguement le sentiment que passé la frayeur et le soulagement, dès que tout cela sera calmé et que l'Etat aura joué son rôle de cruche de service (j'ai bien compris ce que tu m'as dit en particulier sur le fait que le plan paulson permettrait une relance qui au bout du compte serait  bénéfique pour tous y compris les contribuables qui en verraient un retour), tout recommencera comme avant. Car le problème c'est la cupidité, on en reste là.2) sur le système économique dans son ensemble, je te citerais juste un passage du dernier livre de Jean-François Kahn sur le parti socialiste. A un moment, il parle du néolibéralisme, dis moi ce que tu en penses : "les grands principes du libéralisme sont attaqués et menacés. Par qui? Pas, présentement, en effet, par un socialisme étatisateur qui a été éradiqué d'Europe, mais par la dynamique même du néocapitalisme qui, à tous les niveaux, à tous les degrés, restreint (faut-il même dire : viole? ndc) le champ de la concurrence, multiplie les ententes, abuse des positions dominantes, exaspère les concentrations monopolistiques et oligopolistiques, verrouille les accès à des pans entiers du marché, tend à réduire la véritable expression de la pluralité et de la diversité (y'a qu'à voir la presse..), réoligarchise partout la répartition de la propriété, et dans les secteurs stratégiques, asphyxie ou asservit la liberté d'entreprendre (...)(Les socialistes) n'ont pas compris que l'on assiste à ueen radicale recomposition d'un capitalisme globalisé, lequel, débarrassé de la peur du communisme, qui longtemps le hanta, n'a plus besoin de s'affubler des faux-nez keynésiens que la social-démocratie lui confectionna (et qui l'ont, effectivement, sauvé) et reprend, en conséquence, l'affaire où il l'avait laissé en 1929 : ce néocapitalisme est au capitalisme libéral ce que le néosocialisme léniniste fut au socialisme démocratique, c'est-à-dire aussi attentatoire à la philosophie libérale authentique que le communisme le fut à la philosophie socialiste authentique (ce pourquoi il est "néo")."3) Bien sûr que le système boursier a permis une croissance globale du monde, je ne le nie pas (mais est-ce une fatalité?), mais le système capitaliste pré-financier n'a-t-il pas lui aussi fait ses preuves? Ne compte pas sur moi pour parler de technique, pour faire le procès de la bourse en général (ce n'est pas mon but, ce sont les excès dont nous parlons), je ne suis pas là pour ça et je n'ai pas les "armes" ni les connaissances nécessaires pour vraiment te contredire. Notamment sur les questions de rapport entre spéculation et production. Sauf pour dire qu'en France, on sera cette année à coup sûr en récession. Et contrairement à ce que tu dis, j'ai plut^to l'impression que le cac a perdu la moitié de sa valeur en moins de dix ans puisque j'ai le souvenir d'un cac à 8 000 points, et là, on est sous les 4 000, non?Je suis cependant d'accord avec toi pour dire que le bât blesse à trois niveaux :- les risques pris ne pèsent aucunement sur les traders (je suis heureux que tu le mentionnes, car tous ceux qui ont touché de grosses primes en 2006 devraient bien sûr devoir tout rembourser maintenant), qui sont sur une logique de court-termisme.- la répartition, comme tu dis, est inefficace et injuste. ce n'est pas un détail! Tu parles de classes moyennes qui se sont enrichies masi moi, j'ai le sentiment d'être une classe moyenne et la bourse n me rapporte vraiment rien. Que dalle! Par ailleurs il faut aussi dire qu'il y en a assez de voir tous ces incompétents quitter des navires en perdition avec des millions d'euros ou de dollars. Nous, quand c'est la porte, c'est avec un sourire.  J'ajouet que toujours selon le livre de Kahn, "quand juste avant la guerre, on estimait les amplitudes légitimes de rémunérations entre un grand patron et ses salariés à une grandeur de l'ordre de 1 à 10, puis à l'extrême, de 1 à 20, on est passé, ces dernières années, à des écartèlements de 1 à 300 pouvant atteindre 1 à 700 grâce aux stocks-options et autres formes de bonus et de primes". Et ça, c'est tout bonnement scandaleux. On en récompense pas l'effort et le travail, mais on maintient une élite à la tête d'un navire en perdition, pour garder la même métaphore. Qui sera sanctionné suite à cette crise? Qui? Le patron de Fortis, va-t-il être "grillé" dans le métier? Il n'y a rien de moins sûr.- je garde l'impression d'une économie "coupée du réel". Si j'ai bien compris l'histoire des subprimes, on est tout à fait là dedans si on parie sur le fait que des pauvres vont ou non pouvoir rembourser leur emprunt4) je n'ai aucun problème à m'exprimer comme sarkozy ou besancenot : je pense qu'on peut avoir des points de convergence avec des gens avec qui on est globalement en opposition. J'ai d'ailleurs déjà dit ici ce que je pensais du facteur : http://penseespolitiques.over-blog.com/article-20679393.htmlPour moi, il ne dit pas que des bêtises mais n'a bien sûr aucune solution alternative à proposer à part le chaos et la guerre civile.5) Sur ce que dit l'Eglise, ça paraît bête mais bon si chacun essayais à son petit niveau dappliquer un minimum de bon sens et de ne pas penser qu'à soi mais au bien commun et à celui des autres, on n'en serait pas là. oui, ça paraît cruche et bateau, mais la course au profit ne nous mènera nulle part, tu le sais bien.le principe de destination universelle des biens, par exemple, est intéressant. De même que d'autres principes économiques comme le juste salaire, par exemple. Ou le fait que les patrons doivent prendre en compte le fait que les employés aient ou non des enfants, par exemple... Et quand on parle de "visée humaine", ça me paraît simple : cela exclue tout ce qui est purement égoïste ou qui vise à satisfaire uniquement son petit bien individuel, y compris en écrasant si possible les autres.Mais encore une fois, je ne suis aucunement spécialiste de ces questions...
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L
@touristIl va sans dire que je suis en total désaccord avec la teneur de ce commentaire : en gros, tu nous expliques comment fonctionne el système, et j'en suis trèheureux, mais tu es loin de t'interrgoer sur ses dérives et sur ce qui nous a amené là : l'appat du toujours plus, la cupidité, et la déconnection de l'économie réelle.Je continue de penser que l'économie de marché est ce qu'il y a de mieux pour l'homme : mais le néolibéralisme, le libéralisme financier, est un cannibale qui tue le capitalisme car il ne repose plus sur la production de richesses.L'utilité sociale n'est pas le seul message de l'Eglise : elle parle surtout d'uen politique à visée humaine et là, on en est loin.Par ailleurs, ce commentaire ne répond pas non plus à mon argument, sur le plan de relance Paulson, à savoir qu'il est très désopilant de voir nos chers antiétatistes aller pleurer dans les jupes de papa à la première tempête venue. Tempête causée par les excès d'un système qui sans cesse prône la disparition de toute régulation! Et l'Etat, s'il n'était plus là, que se passerait-il? Tu serais déjà rentré en France, je crois.
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T
Un petit commentaire a l article du Chafouin depuis l epicentre du seisme a New-York, puisque que j ai l arrogance de penser que je comprends un peu de ce qui se passe sur les marches financiers en ce moment, travaillant en tant que trader sur les marches actions americains.Tout d abord la crise actuelle n est pas (d abord) une crise economique, mais une crise financiere. Normalement, l argent circule facilement d une banque a l autre; si une banque a besoin d argent pour la nuit ou pour un mois par exemple, elle trouvera facilement une autre banque capable de lui preter cet argent. Dans la situation actuelle, la defiance regne, les banques ne se font plus confiance (et la tournure recente des evenements leur donne raison, les autres etablissements pouvant faire defaut du jour au lendemain) et le systeme est completement grippe. Les risques de faillite s accroissent alors (on est en faillite non pas quand la somme des actifs est plus faible que le passif comme on le lit dans les livres de comptabilite, ce n etait pas le cas de Northern Rock, ni de Bear Sterns, ni de Lehman Brothers, mais lorsqu on ne peut honorer ses dettes a court terme). Alors, pourquoi les banques ne se font-elles pas confiance ?Principalement a cause de l opacite du systeme, les banques ne savent pas quelles sont les positions de leurs consoeurs sur des actifs risques, notamment immobiliers (d ou le surnom de "crise des subprimes"). L equation est tres simple, le plus gros marche du monde (le marche de l immobilier americain) baisse de 30%, il faut bien que quelqu un paie la difference. Quand les menages ne le peuvent pas, ce sont les banques (et les assurances, comme AIG, qui assurent une partie de ces papiers) qui le font. Il y a plusieurs raisons importantes qui expliquent ce cataclysme (j en profite ici pour preciser que cette crise financiere va se transformer en crise economique a cause de la rarefaction du credit qui finance normalement l economie, les nouveaux projets immobiliers, d entreprises, d achats d automobiles pour les menages,...):-le credit a ete trop facile depuis les annees 2000, et la, Greenspan a vraiment du culot de venir faire la morale et annoncer la fin du monde sur tous les plateaux TV alors que c est lui, en tant que president de la Federal Reserve pendant tant d annees, qui a tant facilite l acces au credit (en maintenant les taux d interet tres bas et en rendant l argent quasiment gratuit) et encourage les bulles, en particulier la bulle immobiliere (l origine de la crise). On peut blamer les banques, mais vous, avec un acces infini a des prets quasi gratuits, n acheteriez-vous pas une belle maison, une belle voiture,.. ?-les agences de notation (Moody s, Standard s and Poor), censees determiner la qualite du credit des differents produits et institutions n ont pas fait leur travail, en pretant des qualites comparables a la dette americaine (on imagine mal les Etats-Unis faire faillite, dans le pire des cas, ils augmentent les impots et remboursent leur dette) et a ces creances douteuses (pour faire simple, des menages qui gagnent moins que leurs mensualites, les banques pariant sur une hausse du prix de leurs maisons pour que ces gens puissent finalement rembourser)-le court-termisme des patrons d entreprise, des traders et des intermediaires qui ont refile ces prets subprimes aux banques de Wall Street. Ils jouent en quelque sorte au "pile je gagne, face tu perds" et engrangent leurs primes aux resultats annuels quand leurs activites engagent parfois la banque sur des dizaines d annees. Ces primes devraient prendre en compte les risques qui ont ete pris pour generer les benefices et percues que lorsque la banque n est plus engagee par le contract signe en son nom par le trader (des traders ont gagne de coquettes sommes en 2006 pour des positions prises en 2006, qui ont un peu gagne en 2006 et perdu des milliards depuis; les primes ont ete encaissees en 2006, les pertes sont en 2007 et 2008)-les effets de levier qui rendent les marches extremement volatiles. Une explication s impose: des produits tres complexes, jonglant avec les legislations, ont ete construits, pour augmenter "en temps normaux" les rentabilites de certains produits, la contrepartie est que, quand 1 disparait du marche immobilier (parce qu une maison qui valait 3 ne vaut plus que 2), la somme des pertes annoncees par toutes ces institutions peut etre de 3, 5 ou 10 a cause de ces effets de levier. Et personne ne maitrise mieux ces effets de levier que les fonds speculatifs, desormais specialises dans l achat de petrole ou de ble qui pourrissent la vie de la planete en affamant des bresiliens ou en ruinant les francais par le prix du baril.<br /> Autre precision tres importante que j aimerais faire sur cette crise, celle qui a motive l ecriture de ce petit paragraphe. Le fameux plan-de-700-milliards-qui-va-couter-700-milliards-au-contribuable-americain selon les media francais peut tres bien ne rien lui couter, voire lui faire gagner de l argent. Les banques ont des papier qui leur posent beaucoup de problemes (et ruinent la confiance dans le systeme en minant les echanges entre banques) vont pouvoir les revendre au Tresor Americain. Mais si les banques, qui ne peuvent plus supporter la pression, revendent ces actifs qu elles ont peut-etre achete 1, ce n est pas le prix auquel elles vont s en debarasser, elles vont le revendre disons 0.3. Donc, d une part le Tresor a quelque chose en echange de ces 700 milliards (ces fameux papiers), mais il va surement les acheter a des prix tres bas, et attendre une remontee du marche immobilier (et c est le seul acteur assez gros pour faire ca, acheter massivement et attendre) pour les revendre a profit. Arretons donc de parler de couts immenses pour le contribuable, de nationalisations et attendons de voir qui sera le gagnant. J epargne les details mais il en va de meme pour AIG et les 85 milliards de pret a 10% (les taux americains sont a 2%...) accordes a l assureur par la Fed.<br /> J aimerais ajouter que l extreme majorite des traders ne se comporte pas comme des geeks et des fanas de jeux videos et la plupart font un metier tres serieux, sans prendre de risque important et apportent enormement de valeur a la societe, en financant les entreprises et leurs projets (quand Peugeot par exemple va vendre des voitures aux Etats-Unis, oublions un instant l improbabilite de la chose, elle a besoin de savoir combien d euros -et non pas de combien de dollars- elle recevra en les vendant et un trader peut l assurer contre des mouvements adverses de l eurodollar, de meme quand Air France veut se premunir contre des mouvements du prix du baril de petrole, pour que vous puissiez partir en vacances a New-York par exemple...), mais aussi en rendant les marches transparents, arbitres (les prix entre actifs coherents) et credibles.<br /> Quant a l essentiel de l article, la vision de ce que devrait etre l economie selon l Eglise, il ne fait que reprendre des theories que les economistes ont dessine il y a deux siecles (il est toutefois interessant de savoir qu il s agit de la position de l Eglise), a savoir que l economie de marche permet l allocation la plus efficace des ressources, mais dire qu il faut egalement tenir compte de l utilite sociale ne casse pas quatre pattes a deux chafouins, c est un message que la religion (chretienne) chante depuis deux siecles et il s agit surtout de la definir!<br />  
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Merci pour ces précisions, qui après le départ de BEnaoît XVI et le flot d'argent frais du Trésor (mais en déficit comme ils sont, d'où ça sort ?) est très à propos.Une remarque toutefois : l'Eglise ne se mêlant plus concrètement du temporel.
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