Pistolets Taser : arrêtons de raconter n'importe quoi
Martine Aubry, comme avant elle Olivier Besancenot, est prise au piège d'une réflexion hâtive et irréfléchie au sujet du pistolet à impulsion électronique (Taser). Pour avoir affirmé, sans l'avoir bien sûr vérifié, que cette arme était létale et avait tué 290 personnes en Amérique du Nord, elle risque le procès en diffamation.
Et n'est-ce pas le minimum? Ne serait-ce pas la sanction légitime de l'exagération, du remplacement d'une réflexion sereine et intelligente par des "slogans" faciles à retenir pour le pékin moyen? Martine Aubry est coincée, car elle a voulu répondre de façon ferme et directe sur Canal +, à une question sur la dotation des Pistolets Taser aux polices municipales. Mais elle s'est plantée. Et maintenant que la polémique enfle, il est trop facile de se retrancher, comme elle l'a fait hier en conférence de presse, à Lille, derrière un "c'est Amnesty International qui l'a dit...". et un "et puis de toutes façons d'autres l'ont dit avant moi, alors camembert!".
Quoi, parce que d'autres racontent des sornettes, on peut les reprendre sans sourciller, un peu comme ces médias qui se copient les uns sur les autres sans recouper leurs informations?
Car la vérité, quelle est-elle? Si on se plonge un tantinet dans ces fameux rapports d'Amnesty International, on constate que la réalité est un peu plus complexe que ce qu'en dit Madame Aubry. Le premier rapport, livré en 2004, indique ceci (commentaires du chafouin) : "Au cours des trois dernières années, plus de 70 personnes seraient mortes aux États-Unis et au Canada après avoir été atteintes par des pistolets incapacitants M26 ou X26 (et beaucoup de personnes sont mortes en France, ces trois derniers années, après avoir bu un verre d'eau dans l'heure précédent le décès) ; le nombre de victimes augmente chaque année (ah bon? des précisions?). Les médecins légistes attribuent généralement le décès à d'autres causes, comme la prise de drogue (nous y voilà), mais des experts médicaux (qui sont-ils? Mystère!) estiment que l'utilisation de ces armes peut accroître le risque de crise cardiaque pour les personnes agitées, droguées ou présentant des problèmes de santé (sans doute! et une balle les tue encore plus sûrement). Dans au moins cinq cas récents, les coroners ont conclu que l'utilisation d'un pistolet incapacitant avait directement entraîné la mort de la victime, conjointement avec d'autres facteurs comme la toxicomanie ou les maladies cardiaques (ah, nous y voilà! cinq cas, avec d'autres facteurs...)".
Bref, on est loin des affirmations péremptoires de MM. Besancenot et Aubry!
Le rapport cité par le maire de Lille, lui, affirme de façon tout aussi imprécise que depuis 2001, "290 personnes sont mortes après avoir été touchées par le Taser" et ajoute que "dans au moins 20 rapports d'autopsie, les coroners ont cité les pistolets électriques comme la cause directe ou aggravante des décès, parfois combinée à d'autres facteurs". Est-ce suffisant pour dire que le Taser a tué 290 personnes? Certainement pas.
Et après tout, a-t-on besoin de tels arguments pour refuser de doter de pistolets à impulsion électroniques les policiers municipaux? Je ne suis pas un grand fan de cette arme, car je trouve qu'il est barbare et un peu dégradant d'électrocuter quelqu'un pour le maîtriser. Et que la répression, comme l'a dit intelligemment Martine Aubry, ne fait pas partie juqu'à présent (ça changera sans doute) des mission de la police municipale. D'un autre côté, des exemples ont montré à plusieurs reprises, notamment dans la région de Lille, que cette arme pouvait sauver des vies (notamment pour des forcenés qui menacent de se tuer) et quoi qu'on en dise, ce sera toujours mieux que d'être truffé de balles. Pragmatisme contre idéologie? On en revient toujours là.
Par ailleurs, il est bon de préciser que l'utilisation qui est faite du Taser X-26, depuis que les policiers nationaux et les gendarmes en sont dotés, n'est pas du tout la même qu'aux Etats-Unis. Mais nos idéologues le savent-ils?
Tout d'abord, cette arme ne peut être utilisée qu'en état de légitime défense du tireur ou de celui qui reçoit la décharge. Précision importante. Ensuite, une caméra fixée au pistolet enregistre les images à chaque fois qu'il entre en action. Enfin, très peu d'unités, et seules des unités spécialement formées, ont reçu des Taser. On ne parle que des unités d'intervention du type GIPN, BAC, ou les unités judiciaires qui participent à des interpellations. Les police-secours ou les policiers qui patrouillent à pied, par exemple, n'en seront jamais dotés!
Je discutais récemment de toute cette polémique avec un policier qui lui, a un Taser dans son armement. Il m'a répondu à peu près ceci : "Le Taser, c'est la plaie. Il y a tellement de contrôles et d'obligations qu'on ne s'en servira quasiment jamais. Il faut remplir plusieurs procès-verbaux à chaque utilisation pour justifier le tir..."
Bref, il est très facile de faire peur sur ce genre de sujets, et on sera toujours plus écouté en exagérant et en simplifiant le problème, qu'en adoptant la seule attitude raisonnable qui existe : se baser sur les faits, et pas extrapoler, les confronter à une réflexion intelligente, et ensuite, décider. Et d'ailleurs, éventuellement, décider de se passer de cette arme...
P.S : sait-on que des armes électriques bien plus puissantes (jusqu'à 1,5 millions de volts) que le Taser (50 000 volts) sont en vente libre dans n'importe quelle armurerie ou sur internet? Il suffit d'être majeur et de pouvoir payer une centaine d'euros... N'est-il pas là, le vrai scandale?
Et n'est-ce pas le minimum? Ne serait-ce pas la sanction légitime de l'exagération, du remplacement d'une réflexion sereine et intelligente par des "slogans" faciles à retenir pour le pékin moyen? Martine Aubry est coincée, car elle a voulu répondre de façon ferme et directe sur Canal +, à une question sur la dotation des Pistolets Taser aux polices municipales. Mais elle s'est plantée. Et maintenant que la polémique enfle, il est trop facile de se retrancher, comme elle l'a fait hier en conférence de presse, à Lille, derrière un "c'est Amnesty International qui l'a dit...". et un "et puis de toutes façons d'autres l'ont dit avant moi, alors camembert!".
Quoi, parce que d'autres racontent des sornettes, on peut les reprendre sans sourciller, un peu comme ces médias qui se copient les uns sur les autres sans recouper leurs informations?
Car la vérité, quelle est-elle? Si on se plonge un tantinet dans ces fameux rapports d'Amnesty International, on constate que la réalité est un peu plus complexe que ce qu'en dit Madame Aubry. Le premier rapport, livré en 2004, indique ceci (commentaires du chafouin) : "Au cours des trois dernières années, plus de 70 personnes seraient mortes aux États-Unis et au Canada après avoir été atteintes par des pistolets incapacitants M26 ou X26 (et beaucoup de personnes sont mortes en France, ces trois derniers années, après avoir bu un verre d'eau dans l'heure précédent le décès) ; le nombre de victimes augmente chaque année (ah bon? des précisions?). Les médecins légistes attribuent généralement le décès à d'autres causes, comme la prise de drogue (nous y voilà), mais des experts médicaux (qui sont-ils? Mystère!) estiment que l'utilisation de ces armes peut accroître le risque de crise cardiaque pour les personnes agitées, droguées ou présentant des problèmes de santé (sans doute! et une balle les tue encore plus sûrement). Dans au moins cinq cas récents, les coroners ont conclu que l'utilisation d'un pistolet incapacitant avait directement entraîné la mort de la victime, conjointement avec d'autres facteurs comme la toxicomanie ou les maladies cardiaques (ah, nous y voilà! cinq cas, avec d'autres facteurs...)".
Bref, on est loin des affirmations péremptoires de MM. Besancenot et Aubry!
Le rapport cité par le maire de Lille, lui, affirme de façon tout aussi imprécise que depuis 2001, "290 personnes sont mortes après avoir été touchées par le Taser" et ajoute que "dans au moins 20 rapports d'autopsie, les coroners ont cité les pistolets électriques comme la cause directe ou aggravante des décès, parfois combinée à d'autres facteurs". Est-ce suffisant pour dire que le Taser a tué 290 personnes? Certainement pas.
Et après tout, a-t-on besoin de tels arguments pour refuser de doter de pistolets à impulsion électroniques les policiers municipaux? Je ne suis pas un grand fan de cette arme, car je trouve qu'il est barbare et un peu dégradant d'électrocuter quelqu'un pour le maîtriser. Et que la répression, comme l'a dit intelligemment Martine Aubry, ne fait pas partie juqu'à présent (ça changera sans doute) des mission de la police municipale. D'un autre côté, des exemples ont montré à plusieurs reprises, notamment dans la région de Lille, que cette arme pouvait sauver des vies (notamment pour des forcenés qui menacent de se tuer) et quoi qu'on en dise, ce sera toujours mieux que d'être truffé de balles. Pragmatisme contre idéologie? On en revient toujours là.
Par ailleurs, il est bon de préciser que l'utilisation qui est faite du Taser X-26, depuis que les policiers nationaux et les gendarmes en sont dotés, n'est pas du tout la même qu'aux Etats-Unis. Mais nos idéologues le savent-ils?
Tout d'abord, cette arme ne peut être utilisée qu'en état de légitime défense du tireur ou de celui qui reçoit la décharge. Précision importante. Ensuite, une caméra fixée au pistolet enregistre les images à chaque fois qu'il entre en action. Enfin, très peu d'unités, et seules des unités spécialement formées, ont reçu des Taser. On ne parle que des unités d'intervention du type GIPN, BAC, ou les unités judiciaires qui participent à des interpellations. Les police-secours ou les policiers qui patrouillent à pied, par exemple, n'en seront jamais dotés!
Je discutais récemment de toute cette polémique avec un policier qui lui, a un Taser dans son armement. Il m'a répondu à peu près ceci : "Le Taser, c'est la plaie. Il y a tellement de contrôles et d'obligations qu'on ne s'en servira quasiment jamais. Il faut remplir plusieurs procès-verbaux à chaque utilisation pour justifier le tir..."
Bref, il est très facile de faire peur sur ce genre de sujets, et on sera toujours plus écouté en exagérant et en simplifiant le problème, qu'en adoptant la seule attitude raisonnable qui existe : se baser sur les faits, et pas extrapoler, les confronter à une réflexion intelligente, et ensuite, décider. Et d'ailleurs, éventuellement, décider de se passer de cette arme...
P.S : sait-on que des armes électriques bien plus puissantes (jusqu'à 1,5 millions de volts) que le Taser (50 000 volts) sont en vente libre dans n'importe quelle armurerie ou sur internet? Il suffit d'être majeur et de pouvoir payer une centaine d'euros... N'est-il pas là, le vrai scandale?