La tentation Bayrou, une utopie?
A en croire les sondages, beaucoup pourraient être tentés par la solution Bayrou, que d'aucuns qualifient de "troisième voie". Mais est-ce une réelle solution?
En ce qui concerne le "cas" François Bayrou (dans Le Figaro de vendredi dernier, un courrier lecteur l'affublait avec humour du doux sobriquet de Saint François du Béarn...), on doit constater plusieurs choses :
- Contrairement à ce qu'on dit, l'individu ne manque pas de propositions. Il suffit de jeter un coup d'oeil sur son site internet pour s'en convaincre. L'UMP et le PS ne doivent pas le connaître.
- L'homme présente bien des intérêts, en dépit d'un manque de charisme criant. Son idée de soumettre son programme à une baisse de la dette publique, par exemple. Ou sa proposition d'unir la droite et la gauche sur un programme d'union nationale. Et bien sûr, ses accusations à l'endroit des médias, qui soutiennent à une majorité écrasante d'indécence Sarkozy, qui ridiculisent le phénomène Royal après l'avoir créé de toutes pièces, et qui surtout, nous refont le coup d'un duel Sarko-Ségo après le précédent indigeste de 2002, ne sont pas infondées.
- Mais chez lui, passé le premier regard qui peut paraître tentant, on sent le fade, le mou. Et surtout, la plupart des idées qu'il développe et sur lesquelles il fonde sa fameuse troisième voie, sont critiquables :
1) Cette troisième voie, quelle est-elle? Bayrou prétend incarner une force vierge de tout pouvoir, un axe qu'on n'aurait pas encore emprunté. Et il faut souligner le courage avec lequel Bayrou a résisté depuis 2002 à l'UMP. Mais l'UDF n'a-t-elle pas été fondée par l'ex-président Giscard? L'UDF n'a-t-elle pas participé à de nombreux gouvernements depuis? En réalité, il semble plutôt que Bayrou souhaite à tout prix gagner le pouvoir. ça c'est vrai, il ne l'a jamais eu.
2) Lorsque le sieur François accuse les médias de ne parler que de Ségo et Sarko, que fait-il à part parler à nouveau de Ségo et Sarko? Pendant la première moitié de campagne, Bayrou n'a cessé de ne parler que de cela, là où il aurait mieux fait de parler de lui. Il faut cependant croire, au vu des sondages, qu'il ait employé la bonne tactique. Mais là encore, tout n'est que stratégie de pouvoir.
3) "Je ne suis pas de droite". Bayrou dépasse les bornes lorsqu'il prétend cela. Nul besoin d'être prophète ou devin pour remarquer que partout, comme l'a rappelé le PS, l'UDF gouverne avec l'UMP. Le programme de l'UDF est d'inspiration libérale en matière économique, un programme certes teinté d'humanisme et de social. Mais Bayrou ne peut pas être classé à gauche : encore une assertion purement électoraliste.
4) La pseudo union nationale : Elle paraît séduisante au premier abord. Mais comment Bayrou l'imposera-t-elle? En admettant qu'il soit élu, il y aurait ensuite des législatives. IL faudrait alors que Bayrou les gagne, en glissant des candidats estampillés UDF de gauche et de droite? Et s'il perd? Convaincra-t-il le gagnant (UMP ou PS) de renoncer à une cohabitation pour constituer une majorité droite gauche?
UTOPIE!