Comment Le Monde joue sur les mots
L'exemple type de la mauvaise foi médiatique qui donne envie d'arrêter de lire la presse. En consultant ce matin la liste des articles du jour sur Le Monde.fr, un article a attiré mon attention. Son titre : "Seuls 45% des Français voudraient pouvoir travailler plus pour gagner plus".
D'emblée, on se dit que 45%, c'est déjà beaucoup, non? En y regardant de plus près, le soupçon initial se confirme : Selon le journal, "Une majorité de Français (53 %) veulent avoir "leur durée de travail actuelle garantie par la loi", plutôt que "pouvoir travailler plus pour gagner plus" (45 %), comme proposé par le candidat UMP à la présidentielle, Nicolas Sarkozy, selon un sondage LH2 pour 20 minutes et RMC publié vendredi 2 mars".
Je ne comprends plus. Certes, j'ai de lourdes réticences à l'endroit d'un candidat que je juge dangereux dans le sens où il me semble l'incarnation de la démagogie, de l'opportunisme, avec en germe un risque d'autoritarisme et de concentration de la presse et du pouvoir. Mais Sarkozy ne doit pas être caricaturé : il a proposé que ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus puissent le faire, c'est-à-dire de sortir de ce genre d'interdiction qui ressemble fort à du soviétisme.
Et alors? 45% sont d'accord avec ça, hé bien ils travailleront plus et gagneront plus. Les 53% restants, ils travailleront autant qu'aujourd'hui et hier, et gagneront la même chose. Où est l'intérêt de ce sondage? Ce qui me gêne dans cet article, c'est d'une part son contenu (reprendre un sondage sans substance), mais d'autre part la façon dont il est présenté : "en gros, un sondage désavoue sarkozy".
Le Monde serait-il capable de faire des titres de ce style : "Seuls 2% de la population est homosexuelle et veut adopter un enfant"?