L'argument clef de 2007 : l'absence de programme de l'adversaire
Oyez oyez, bonnes gens, voilà enfin l'argument n°1 pour gagner une présidentielle. Génial, très pratique, ultra-efficace! Nos bons amis les candidats ne s'embêtent plus à contredire, à débattre, à se battre. Plutôt que de réflechir, plutôt que de trouver des réponses, ils préfèrent néantiser l'adversaire en lui jetant à la figure le plus convaincant des arguments : mais mon bon monsieur, vous n'avez rien à dire, vous n'avez pas de programme! Circulez y'a rien à voir.
Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy sont particulièrement friands de cette forme nouvelle d'excellence dialectique. Souvenez-vous, lorsque la candidate socialiste eut achevé son discours d'intronisation de Villepinte, sur quoi embrayèrent les sarko flingueurs? Deux arguments de poids : 1- elle a tout repompé sur nous 2- elle n'y a rien dans son programme. (deux idées d'ailleurs complètement incompatibles, on se demande même quel est le chargé de com' qui a soufflé cette brillante idée).
Hier, Royal (qui au passage, a eu la très bonne idée de se déclarer indépendante du PS, ça ne peut que la faire monter) a fait la même chose concernant Bayrou sur France 2 :
Pour l'instant, "François Bayrou n'a pas de programme", a estimé Ségolène Royal, pour qui le candidat centriste a "toujours fait des alliances au sein de la droite et avec la droite". "J'attends son programme. Nous en débattrons. Les Français choisiront. Je suis confiante", a-t-elle dit. "A un moment, il va y avoir l'heure de vérité."
Xavier Bertrand, le porte-parle plein de rondeurs de Sarkozy, a utilisé la même tactique hier en meeting à Lambersart : "Lui, s'il ne dit rien avant, c'est que vous pouvez être sûr qu'il ne fera rien après".
Bayrou n'a pas de programme? On peut formuler bien des reproches à son égard, mais pas celui-là (cf. son site internet qui évoque d'ailleurs d'avantages de sujets que les sites des deux autres) Et puis ça rime à quoi? Si les deux autres le détestent, c'est bien parce ce qu'il propose les dérange. Et inversement. Sarkozy a un programme. Royal a le sien. Bayrou aussi. Arrêtons avec ce jeu de massacre, qui consiste à sans cesse décridibiliser le rival. Les candidats ont-ils donc si peur de leur propre inexistence?