Non à la diffusion des résultats avant 20h, par respect de la loi et surtout des électeurs
La polémique enflamme le web, selon le Figaro et le Monde datés d'aujourd'hui. Certains blogueurs "politiques" (Morandini, Birenbaum et d'autres) comptent publier sur leur site internet les résultats du premier tour dès dimanche 18h00.
A cela plusieurs raisons. Morandini nous explique que ce faisant, il veut démontrer l'absurdité de la loi française, qui fait que chez nous, personne ne peut diffuser ces résultats avant la fermeture des derniers bureaux de vote, à 20h (sanction : 75 000€ d'amende), alors que des médias étrangers peuvent le faire sans aucun problème dès l'annonce des premiers sondages sortis des urnes, vers 18h-18h30. "Seuls les VIP, les privilégiés, les journalistes, les politiques ont le droit de connaître les chiffres et les tendances", tonne le chevalier blanc des temps modernes, Jean-Marc Morandini. Qui se fiche de savoir qu'un journaliste du Monde connaît le résultat avant nous? Jalousie mal placée. Risquer de fausser l'élection uniquement pour satisfaire à la curiosité du public, sur internet où la seule loi est celle de l'instant, est purement irresponsable. Certains y voient un coup de pub (combien de connexions, dimanche en fin d'après-midi, sur le site de Morandini?), d'autres peuvent y voir un irrespect sans nom. Car même si le résultat du vote n'est pas faussé par cette attitude, n'est-ce pas cavalier vis-à-vis de ceux qui n'ont pas encore voté, que de leur dire que de toute façons, leur déplacement ne vaut pas la peine, vu que l'élection est déjà pliée? Et tout cela, parce que "nous devons tous avoir les mêmes infos", selon JMM. Ok, mais à 20h. Comme l'écrit sur son blog Pierre-Luc Séguillon, chroniqueur chez LCI, "livrer des estimations avant 20h peut influencer les derniers électeurs se rendant aux urnes.La démocratie exige que chaque citoyen ait le même niveau d'information au moment de déposer son bulletin dans l'urne".
Quand au deuxième argument, il est tout aussi fallacieux. Il s'appuie sur le fait que les médias étrangers, eux, peuvent diffuser l'info sans risque d'amende. Et que si son propre blog était édité en Suisse ou en Belgique, personne ne pourrait rien lui dire. Ce qui lui permet d'oser parler de "fracture numérique": il est injuste d'avoir des infos quand on peut avoir accès au web, et de ne pas les avoir quand on n'a pas internet. Encore la jalousie? Alors dans ces cas, PPDA, peut faire son émission à 19h? Morandini, qui sera sans doute rejoint par Guy Birenbaum (de plus mauvaise foi encore) et Karl Zéro (qui dès qu'il peut faire parler de lui, n'hésite pas), reproche à ceux qui contestent sa position ne n'apporter aucune réponse, aucune solution à cette fracture numérique.
Et alors? Ce serait quoi, sa brillante idée? Morandini et sa clique oublient que si les rédactions ont les résultats avant les autres, ce n'est pas pour être privilégié, ce n'est pas pour crâner. Si PPDA découvrait les résultats en même temps que tout le monde, il aurait l'air fin, non? Une émission, ça se prépare. Des questions, ça se note sur un bout de papier avant une interview. Mais peut-être que Morandini l'ignore. Sa volonté de participer à une nouvelle nuit du 4 août où l'on abolirait les pseudo-privilèges des journalistes emporte tout sur son passage, y compris son sens critique.
Faire en sorte que les journalistes en disent plus par rapport à ce qu'ils savent, pourquoi pas. Cf. Mazarine, cf. les rumeurs sur le couple Royal-Hollande, cf. les affaires judiciaires, etc. Mais il ne faut pas pousser le bouchon trop loin, Maurice. Car là, ça en deviendrait franchement ridicule.
La solution n'existe pas. C'est une question d'éthique, ça ne se discute pas. Une question de respect. La loi n'y pourra jamais rien, si certains journalistes se croient obligés d'envoyer les résultats des sondages sortis des urnes à des médias étrangers avant l'heure dite. Pour "sortir" l'info. Une vaine chasse au scoop. Et les gars, dans cette société où tout va trop vite, ça vous embêterait vraiment de patienter deux heures de plus? Rien que deux heures. Deux petites heures.
P.S : Le Monde conclut ainsi son article :
"La Commission nationale de contrôle de la campagne a prévenu : elle a dépêché une équipe spéciale pour surveiller la Toile en temps réel. Selon Gilles Bachelier, rapporteur général de la Commission, "si l'on note des violations conscientes de la loi, des poursuites seront engagées". Ces poursuites – pénales – pourront être assorties d'une amende allant jusqu'à 75 000 euros. C'est le prix à payer pour que tous les électeurs soient à un niveau égal d'information au moment de leur vote et pour garantir la "sincérité" du scrutin."
Reste à espérer que les contrevenants seront vraiment sanctionnés.