Suicide assisté : débattre jusqu'à tous y être favorables!

Publié le par Le chafouin

Il est des affaires qui reviennent à intervalles de temps régulier, comme pour entretenir un débat jusqu'à temps qu'il mène à la conclusion souhaitée. C'est le cas de celle du suicide de Rémy Salvat, ce jeune homme de 24 ans, atteint d'une maladie orpheline dégénérative, qui a vainement demandé au président de la République le droit de mourir assisté.

Pendant que certains, toujours les mêmes, manient l'émotion et revendiquent des droits, Koz met le doigt sur un élément qui paraît essentiel : le fait qu'une fois encore, on réclame à corps et à cri un "débat public". Comme si on l'empêchait de se tenir.

"Nous avons tous entendu sa mère réclamer un débat public, pour qu’”enfin un débat se tienne en France“. Il ne me semblait pas, à en juger par mon propre blog, que le débat soit occulté. Mais, à chaque occasion, on réclame un nouveau débat, façon de considérer que la réponse apportée aujourd’hui n’est toujours pas légitime. A ce débat, l’euthanasie est ainsi vue comme la seule réponse légitime. Toute autre réponse est rejetée."

Qu'écrit Rémy Salvat dans sa lettre au président? "Moi, Rémy Salvat, je vous demande de laisser de côté votre avis personnel et d'arrêter d'être sourd." Etre contre le fait de commettre un acte positif conduisant à la mort d'une personne, c'est être sourd. C'est n'avoir rien compris au film. C'est être du mauvais côté de l'humanité.

Ce n'est pas un hasard si les médias s'emparent de l'affaire. Une avocate a été désignée, et a reçu pour mission d'alerter la presse, la télé, les radios. Et en cette période de vache maigre estivale, celles-ci se jettent dessus sans nuance. Avec comme d'habitude, ces mêmes journalistes en empathie totale avec leur sujet. Ces mêmes journalistes unanimes pour prendre parti, pour se ranger résolument dans le camp du soi-disant "progrès". Une belle bande de moutons de Panurge, en vérité!

Que titre le Figaro, par exemple? "Un nouveau drame relance le débat sur l'euthanasie". Mais en quoi, on se le demande, le débat est-il relancé? En quoi a-t-on apporté des éléments nouveaux nous permettant de nous déterminer, dans un sens ou dans un autre? Je vois plutôt une manière d'enfoncer le clou de l'émotion. Allez, un nouvel exemple, vous voyez bien, ma petite dame, que ce pays est réactionnaire et maltraite ses malades. L'accroche de cet article est déjà élogieuse : "Son suicide a été mûrement réfléchi". Le journaliste en est-il sûr, a-t-il constaté les faits, les a-t-il recoupés, a-t-il assisté à cette réflexion mûre et de longue date?

Et on parle de débat? La légitime émotion causée par ce genre de situation inextricable rend inaudible toute tentative d'essayer de prendre de la distance et de réfléchir sereinement. La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, peut bien dire que la loi sur la fin de vie est équilibrée mais trop méconnue, que l'Etat va investir 230 millions d'euros supplémentaires pour doubler le nombre d'unités de soins palliatifs d'ici à 2012, cette information n'est pas celle choisie pour l'accroche des papiers.

Une opinion publique, ça se construit pas à pas, ça se travaille au corps, ça se relance, ça se bichonne, ça se bouscule. Et en la matière, les partisans du suicide assisté, qui se cachent derrière le droit à l'euthanasie, marquent des points à tous les coups. A nous de ne pas tomber dans le panneau!

Publié dans Société

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C
Mourir dignement. On entend cela en permanence sur ce sujet. J’en viens à me demander, selon les défenseurs du suicide assisté, comment meurent chaque année les centaines de millions de personnes qui ne prévoient pas leur dernier souffle et ne s’éteignent pas, entourées de tous leurs proches réunis à l’occasion de ce rendez-vous planifié pour vivre leurs derniers instants en direct...<br /> Autant, je pense que la loi Léonetti était indispensable pour, entre autres, donner, même si ce n’est pas si simple, une sorte " d’égalité  " entre les bien-portants et les malades ou les accidentés qui se retrouvent privés de toute latitude d’action, autant là, je pense qu’on touche à l’ordre naturel des choses en demandant à ce qu’une volonté de sa propre mort soit prise en charge et effectuée par d’autres, tout en bénéficiant de l’aval et du soutien de ses proches et de la société. Moi qui ne crois pas en Dieu et n’ai pas un respect absolu pour chaque vie humaine, je crois que la nature a bien fait les choses en faisant de l’acte de se suicider une chose très difficile.<br /> D’un autre côté, cela fait quelque temps qu’on touche à l’ordre naturel des choses en médecine. Qu’il y ait une sorte d’élan populaire qui se manifeste de plus en plus, il me semble que c’est assez normal ; il s’agit aussi d’équilibre.<br /> D’ailleurs, j’ai entendu des pontes neurologues, chirurgiens, totalement opposés à l’euthanasie, qui expliquaient qu’eux-mêmes prenaient des décisions autour du billard et faisaient le choix dans l’action, sans avoir à le communiquer aux parents, à la presse, de ne pas ranimer un patient. Non pas parce qu’ils ne savent pas le faire, mais parce qu’ils savent que l’existence du patient ne sera plus une existence, hormis des tortures absurdes pour lui peut-être et pour les proches. Et ce n’est pas illégal, je précise.<br /> Donc qu’il y ait débat n’est pas insensé à mon sens. Mais ton titre, Chafouin, je le trouve extrêmement pertinent. Parce que débattre sur le rapport à construire entre nous et la médecine ne peut être confisqué par personne.<br /> Sorry, j’ai été bien longue.
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L
Je ne dis pas qu'il faut taire totu débat à ce sujet, je dis qu'il est drôle qu'on nosu ressorte à chaque fois qu'il faut "enfin ouvrir le débat" alors qu'il n'a jamais été fermé ou quoi que ce soit de ce genre.J'aurais même tendance à penser au'on n'entend que les pro-suicide assisté, qu'ils ont le moniopole de l'émiotion et qu'ils sont les seuls à avoir zel droit de se ranger dans le camp de la compassion : les autres sont par définition, des sales catholiques étroits d'esprits et qui empêchent la libération de l'homme.Dans ce sens, je préfère mille fois discuter là dessus avec toi (même si je suis en total désaccord avec ta vision des choses) qu'avec un type du genre Jean-Luc Roméro, qui est un fondamentaliste. Tes idéesme font peur à ce niveau, mais on peut en discuter sereinement, en somme.
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M
je ne te comprends pas ! Tu critiques ceux qui veulent relancer le débat et tu participes toi aussi à l'entretenir sur la toile ... Tu dis que l'émotion suscitée par les faits divers rend impossible tout débat serein et tu du dis que mon "discours froid" fait froid dans le dos ... Faudrait savoir, non ?
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L
@IRVa voir chez Malakine, sa vision des choses fait froid dans le dos. http://horizons.typepad.fr/accueil/2008/08/le-suicide-assi.htmlBeaucoup de gens sont pour le suicide assisté ou l'euthanasie, en parlent avec compassion. A mon sens ils se trompent de combat et sont trompés par de faux sentiments, mais là, on est dans le discours froid et ça me fait peur! ;)Ce que je veux dire sur le respect de la vie, c'est que ça ne convaincra jamais personne. J'essaie toujours de défendre des arguments humains plutôt que spirituels.@Flamant roseMerci de votre témoignage poignant. Je me doute que pour les parents ce doit être très difficile, il ne faut pas trop les accabler. Même si ce qui compte, nous sommes d'accord tous les deux, c'est la vie de 'l'enfant, qui n'est malheureux que dans notre regard à nous.Merci encore. Votre commentaire mérite d'être transformé en billet, si vous le voulez bien.Et vous avez raison : plutôt que de baisser les bras il faut se battre, investir, soigner, apaiser le souffrances, mais pour cela, il faut une volonté politique. Et ce n'est pas en ouvrant la porte de la mort qu'on y arrivera!
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F
 Dans l'établissement que je gère en tant que président du conseil d'administration nous avons 30 adultes autistes et psychotiques. Lorsque nous avons créé le projet associatif on a fait le choix de prendre les cas les plus difficiles c'est à dire des personnes dont personne ne voulait car considérées comme trop difficiles et nous en avons sorti plusieurs de l'hôpital psychiatrique où elles n'ont pas leur place. La difficulté du handicap explique notre ratio en personnel puisque nous avons 50 salariés en global mais du 1 pour 1 en accompagnement.Il faut connaître les périodes de crise, voir les pare brise de nos voitures voler en éclat suite à un coup de tête, nous avons changé plusieurs téléviseurs mais le plus dur à vivre reste les automutilations, les blessures et les dépressions subies par les salariés ( nous avons beaucoup d'arrêts de travail).Au nom de quoi a t-on le droit d'estimer que leur vie ne vaut pas le coup d'être vécue ? Grâce au travail des éducateurs il y a de plus en plus de bons moments, pour nombre d'entre eux les périodes de crises sont de moins en moins nombreuses, ils sont très affectueux. La loi permet déjà de ne pas donner la vie, des lobbys voudraient maintenant qu'elle permette de la supprimer.Dans le handicap qui concerne les troubles du comportement ce sont surtout les parents qui n'acceptent pas et généralement les pères. Il y a dans ce milieu de nombreuses séparations du fait du départ du père. En effet pour les parents dont l'enfant est autiste et pas placé en établissement c'est la fin d'une vie, plus de sortie, c'est une surveillance permanente 24h/24. Dans notre établissement il y a 3 familles qui ont complètement abandonné leur enfant, elles ne viennent jamais le voir. Ce sont parfois les parents qui se demandent si leur propre vie vaut le coup d'être vécue à cause du manque de prise en charge . Le plan autisme qui prévoit 4000 places répond aux appels de détresse de ces parents et il faut espérer qu'il se mettra en place comme les projets concernant les soins palliatifs. Il faut souhaiter que le plan 5éme risque soit mis en service rapidement.Par ma fonction je côtoie d'autres handicapés, La plupart d'entre eux sont malgré tout heureux de vivre, ils demandent simplement de la considération, les moyens de vivre pour une partie d'entre eux, un accompagnement spécifique pour l'autre. Je participe à des réunions dans lesquelles je rencontre des directeurs d'établissements pour handicapés moteurs, des directeurs d'hôpitaux psychiatriques et d'autres encore. J'ai rencontré des jeunes atteints de mucoviscidose qui savent qu'ils ne passeront pas le cap des 25 ans et qui vivent leur vie à fond. Le milieu du handicap est difficile mais il apporte souvent beaucoup de joie car non seulement les handicapés ne veulent pas mourir mais ils nous donnent des leçons de vie, des raisons de ne jamais désespérer. La fratrie, les parents sont dans leur très grande majorité très proches de leur enfant et sacrifient une partie de leur vie sans un seul instant penser à abréger celle de leur enfant afin de vivre la leur. J'ai connu en 30 ans 2 cas où la maman par désespoir a mis fin à la vie de son enfant, discrètement, par désespoir , seule, sans aviser les médias, sans l'aide de l'ADMD. Vous ne les verrez jamais venir à la télévision demander à d'autres de faire la même chose et elle ne sont pas demandeuses d'une loi. Dans ces moments là, le drame est personnel, on le vit seul. Je souhaite et j'espère que au lieu de légaliser le droit à les faire disparaître les pouvoirs publics vont créer des établissements afin d'améliorer la prise en charge des personnes handicapées et de celles en fin de vie. Si par malheur les lobbys de l'ADMD obtenaient satisfaction on sait où ça va commencer mais on ignore jusqu'où on pourra aller. Koz traite le même sujet. Je lui fait la même réponse.
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