Marre de cette gauche qui se scandalise sans réfléchir
Parfois, on se dit que la capacité d'analyse et de recul sont des qualités totalement absentes de certains esprits de gauche. Toujours prompts à se scandaliser, à la moindre déclaration présidentielle! Souvent, sans réfléchir. Comme par réflexe.
C'est de droite? Donc c'est pas bien! Il a dit ça, ou ci? Pas bien! Comment ça, un président de droite veut supprimer la pub sur le service public, ce que l'on réclame depuis des années à gauche? Pas bien, ça fait le jeu de TF1! De toutes façons, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. La théorie du complot, bien souvent.
Tout se passe comme s'il existait une sorte de "bouton à indignation". Quand on l'actionne, on voit les sympathiques élus du PS sortir de leur congrès pour gémir publiquement. On lit aussi les blogs de gauche reprendre en choeur le même refrain, comme d'un seul homme. Et gnagnagna, et gnagnagna.
Dernier scandale affreux dans l'esprit de nos chers résistants (il y a eu aussi le MoDem, dans la charette de la larme facile), incapables de se satisfaire une fois dans l'année du gouvernement : dans le cadre de la réforme du service public télévisuel, il a été décidé que désormais, l'exécutif nommerait lui-même le président du groupe France Télévisions.
Un crime impardonnable! Une faute politique majeure! Halte-là! Et nos esprits supérieurs de nous dresser un tableau noir, d'une France revenue aux pires temps de l'ORTF. Montebourg parle d'un "Berlusconi de petit calibre". Bayrou, qui croit inventer l'eau chaude, déplore que "le service public devient directement dépendant de l'Etat, son patron va être nommé par le pouvoir". Intox 2007 n'a pas peur des mots, retenez-vous bien, ça fait peur! "Cette régression est là pour permettre le contrôle du pouvoir sur la TV, et de continuer à intoxiquer les cerveaux , seul moyens pour l'UMP de conserver le pouvoir en 2012", écrit-on. Mais alors, mais le fascisme est au pouvoir? Au secours! La France sera bientôt occupée! Sauve qui peut, et le pastis d'abord.
C'est d'ailleurs le message qui tourne en boucle ce matin sur les radios : cette référence permanente à l'ORTF, dont l'image repoussoir est une trouvaille tout à fait adaptée pour cette manoeuvre de désinformation. Merci le PS, merci au secrétaire Jean-Pierre Jouyet, qu'on a connu plus inspiré.
Je suis d'accord avec eux : il est dommage, vraiment, que le service public (télé ou radio) ne soit pas plus indépendant du politique, comme en Grande-Bretagne. C'est vrai. D'accord. Tope-là.
Mais les amis, réveillons-nous! Qui jusqu'à aujourd'hui décidait de cette nomination? Le quoi? Le CSA? Ah oui, une autorité administrative indépendante. Indépendante, vraiment? N'a-t-on jamais soupçonné la main de l'Elysée dans l'arrivée de Patrick de Carolis aux commandes?
Et aujourd'hui, on a quoi? "Le président de France Télévisions sera nommé par le gouvernement sur avis conforme du CSA. Les parlementaires devront approuver ce choix à la majorité qualifiée (...) La nomination du président de France Télévisions devra être validée par les commissions des Affaires culturelles du Sénat et de l'Assemblée nationale à la majorité qualifiée des 3/5 ", lit-on dans Le Point.
Voilà. Il faut un avis conforme du CSA. Et une confirmation du parlement. Aux 3/5e.
Donc nos amis qui s'indignent sur commande, là, seraient bien avisés d'arrêter de se lancer comme un seul homme dans des croisades ridicules qui non seulement sont exagérées, mais surtout complètement erronées. Marielle de Sarnez estime que cette proposition nous fait "retourner des décennies en arrière". Mais c'est faux!
Le système proposé n'est sûrement pas la panacée. Mais toute personne osant affirmer que c'est pire qu'hier ment, tout bonnement...
Nos professionnels de l'indignation feraient mieux de s'interroger sur le fond, c'est-à-dire sur ce qu'on veut faire du service public audiovisuel, avec ou sans pub d'ailleurs. Malakine pose les bonnes questions dans un article remarquable : plutôt que de hurler au loup et de chanter les vieilles rengaines anti-TF1, il faudrait plutôt faire le ménage, s'occuper de véritables impératifs publics. Dégager les Delarue et compagnie, arrêter le divertissement stupide, faire de la culture, de la qualité. Or forcément, tant que France Télévisions sera soumis à la course à l'échalote de l'audience, elle sera obligée de suivre la politique du pire menée par TF1 et M6.
D'après Le Monde, Nicolas Sarkozy a confié ceci : "A France Télévisions, je dis : vous êtes nuls, je veux en prime time une pièce de théâtre, un opéra, et tant pis si cela ne fait pas d'audience". Et ouais. Sarkozy en dit, des bêtises, mais là, difficile de ne pas être d'accord avec lui.
EDIT : lire à ce sujet les points de vue de Seb, du Grand-Barnum et de Authueil.
C'est de droite? Donc c'est pas bien! Il a dit ça, ou ci? Pas bien! Comment ça, un président de droite veut supprimer la pub sur le service public, ce que l'on réclame depuis des années à gauche? Pas bien, ça fait le jeu de TF1! De toutes façons, il y a toujours quelque chose qui ne va pas. La théorie du complot, bien souvent.
Tout se passe comme s'il existait une sorte de "bouton à indignation". Quand on l'actionne, on voit les sympathiques élus du PS sortir de leur congrès pour gémir publiquement. On lit aussi les blogs de gauche reprendre en choeur le même refrain, comme d'un seul homme. Et gnagnagna, et gnagnagna.
Dernier scandale affreux dans l'esprit de nos chers résistants (il y a eu aussi le MoDem, dans la charette de la larme facile), incapables de se satisfaire une fois dans l'année du gouvernement : dans le cadre de la réforme du service public télévisuel, il a été décidé que désormais, l'exécutif nommerait lui-même le président du groupe France Télévisions.
Un crime impardonnable! Une faute politique majeure! Halte-là! Et nos esprits supérieurs de nous dresser un tableau noir, d'une France revenue aux pires temps de l'ORTF. Montebourg parle d'un "Berlusconi de petit calibre". Bayrou, qui croit inventer l'eau chaude, déplore que "le service public devient directement dépendant de l'Etat, son patron va être nommé par le pouvoir". Intox 2007 n'a pas peur des mots, retenez-vous bien, ça fait peur! "Cette régression est là pour permettre le contrôle du pouvoir sur la TV, et de continuer à intoxiquer les cerveaux , seul moyens pour l'UMP de conserver le pouvoir en 2012", écrit-on. Mais alors, mais le fascisme est au pouvoir? Au secours! La France sera bientôt occupée! Sauve qui peut, et le pastis d'abord.
C'est d'ailleurs le message qui tourne en boucle ce matin sur les radios : cette référence permanente à l'ORTF, dont l'image repoussoir est une trouvaille tout à fait adaptée pour cette manoeuvre de désinformation. Merci le PS, merci au secrétaire Jean-Pierre Jouyet, qu'on a connu plus inspiré.
Je suis d'accord avec eux : il est dommage, vraiment, que le service public (télé ou radio) ne soit pas plus indépendant du politique, comme en Grande-Bretagne. C'est vrai. D'accord. Tope-là.
Mais les amis, réveillons-nous! Qui jusqu'à aujourd'hui décidait de cette nomination? Le quoi? Le CSA? Ah oui, une autorité administrative indépendante. Indépendante, vraiment? N'a-t-on jamais soupçonné la main de l'Elysée dans l'arrivée de Patrick de Carolis aux commandes?
Et aujourd'hui, on a quoi? "Le président de France Télévisions sera nommé par le gouvernement sur avis conforme du CSA. Les parlementaires devront approuver ce choix à la majorité qualifiée (...) La nomination du président de France Télévisions devra être validée par les commissions des Affaires culturelles du Sénat et de l'Assemblée nationale à la majorité qualifiée des 3/5 ", lit-on dans Le Point.
Voilà. Il faut un avis conforme du CSA. Et une confirmation du parlement. Aux 3/5e.
Donc nos amis qui s'indignent sur commande, là, seraient bien avisés d'arrêter de se lancer comme un seul homme dans des croisades ridicules qui non seulement sont exagérées, mais surtout complètement erronées. Marielle de Sarnez estime que cette proposition nous fait "retourner des décennies en arrière". Mais c'est faux!
Le système proposé n'est sûrement pas la panacée. Mais toute personne osant affirmer que c'est pire qu'hier ment, tout bonnement...
Nos professionnels de l'indignation feraient mieux de s'interroger sur le fond, c'est-à-dire sur ce qu'on veut faire du service public audiovisuel, avec ou sans pub d'ailleurs. Malakine pose les bonnes questions dans un article remarquable : plutôt que de hurler au loup et de chanter les vieilles rengaines anti-TF1, il faudrait plutôt faire le ménage, s'occuper de véritables impératifs publics. Dégager les Delarue et compagnie, arrêter le divertissement stupide, faire de la culture, de la qualité. Or forcément, tant que France Télévisions sera soumis à la course à l'échalote de l'audience, elle sera obligée de suivre la politique du pire menée par TF1 et M6.
D'après Le Monde, Nicolas Sarkozy a confié ceci : "A France Télévisions, je dis : vous êtes nuls, je veux en prime time une pièce de théâtre, un opéra, et tant pis si cela ne fait pas d'audience". Et ouais. Sarkozy en dit, des bêtises, mais là, difficile de ne pas être d'accord avec lui.
EDIT : lire à ce sujet les points de vue de Seb, du Grand-Barnum et de Authueil.