Courage, François, courage!

Publié le par Le chafouin

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La tâche du "nouveau premier ministre de la France" sera malaisée. Il va lui falloir du courage, à François Fillon. Pris en sandwich entre Nicolas Sarkozy, qui fait du résutat une condition de l'amitié et de la légitimité, et une majorité qui ne lui fera pas de cadeaux, l'homme aura fort à faire.

Il arbore le sourire des vainqueurs. De ceux qui ont pris leur revanche. Revanche sur Chirac et Villepin, qui l'ont évincé lors du remaniement ministériel de 2005. "Ils font de moi le directeur de campagne de Sarkozy", avait-il alors déclaré, amer, tout en ne se prenant pas pour un bac à douche, loin de là : "On ne se souviendra de rien du bilan de Jacques Chirac, à part de mes réformes".

Oui mais voilà. Il ne faudrait pas se croire arrivé, car tout commence à peine, y compris le plus difficile. François Fillon vient de promettre une "politique nouvelle" à l'issue de la passation de pouvoirs avec Dominique de Villepin. "Je respecterai tous les engagements que nous avons pris parce que la rénovation de la vie politique est à ce prix", a-t-il assuré.

Il vaudrait mieux. Tenir les engagements de campagne de Sarkozy risque bien de mettre du monde dans la rue (comme à chaque fois, de toutes façons, qu'une réforme est tentée dans ce pays), mais c'est la condition sine qua non de l'avenir politique de François Fillon.

Le premier ministre sera redevable de son action devant Nicolas Sarkozy, même si celui-ci ne lui laissera ni le bonheur d'être au premier plan, ni le luxe de paresser. L'homme de Neuilly n'est-il pas le chantre de la politique du résultat, qu'il a largement répandue dans la police au cours de son passage au ministère de l'Intérieur? Si l'amitié et la complicité entre les deux hommes semble forte, n'oublions pas que Sarkozy n'est pas du genre à supporter les échecs autour de lui. Souvenons-nous de Nadine Morano, lâchée en cours de campagne pour une légère bourde. Souvenons-nous d'Hortefeux, vertement rappelé à l'ordre alors qu'il venait d'annoncer qu'une légère dose de proportionnelle serait introduite aux législatives.

Et puis, les jalousies ne vont pas tarder à s'éveiller dans le propre camp du président. Fillon sera surveillé, épié, le moindre faux pas sera exploité par la meute de tous ceux qui seront déçus de ne pas rentrer au gouvernement. Des poids-lourds, mais aussi des seconds couteaux aux dents longues. Il faudra pour Fillon allier la "rondeur" d'un Raffarin, le "volontarisme" d'un Villepin, et la "fidélité" d'un Juppé pour ne pas s'épuiser à la tâche.

L'UMP semble pour l'heure plus discipliné que le PS, mais n'oublions-pas que les querelles de droite n'ont dans le passé rien eu à envier à la guerre souterraine à laquelle se livrent depuis des lustres les éléphants socialistes. N'est-ce pas d'ailleurs pour cela que Sarkozy souhaite instaurer une direction collégiale à l'UMP? Il est bien placé pour savoir qu'il vaut mieux éviter  l'arrivée d'un éventuel concurrent à ce poste...

L'élu séguiniste de la Sarthe, ancien ministre de l'enseignement et de la recherche (93-95), des télécommunications (95-97)des Affaires sociales (2002-2004) puis de l'Education nationale (2004-2005), devra gérer l'ouverture, tout en jouant le rôle difficile de "chef de la droite". Il devra arbitrer les conflits qui ne vont pas manquer de se produire avec les centristes, gérer les relations avec un groupe UMP qui en cas de réformes impopulaires, pourrait vite retourner sa veste et penser à sa réélection.

Oui, coincé entre un président intransigeant, charismatique et interventionniste, et un camp qui ne lui laissera pas de répit, sa marge de manoeuvre sera étroite. Tout cela, au fond, dépendra de la longueur d'avance qu'aura l'UMP à l'issue des législatives...

© Photo Reuters, Pascal Rossignol

Publié dans Politique

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L
Et personne non plus n'a été capable de ne rien y faire;)61% des Français approuvant Fillon, c'est normal vu qu'il n'a rien dit et encore rien fait...;) C'est le syndrôme "effet d'arrivée"!Souvenons-nous de la popularité de raffarin à son arrivée en 2002! Trois ans plus tard, il était quasiment en-dessous de 0!
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P
D'un autre côté qui a déjà été capable de faire quelque chose à l'éducation nationale!!!! :)
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T
Un petit sondage mais on sait ce qu'ils valent....http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-30933864@7-37,0.html?xtor=RSS-3208
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P
il ne me semble pas que l'éducation nationale garde un bon souvenir de Fillon et inversement du reste. Voilà un domaine où à échouer celui que l'on presente depuis deux jours comme un fin négociateur. Nous verrons bien.
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