Y'a-t-il un pilote dans l'avion?
Voilà, ça y est, l'Elysée reprend la main sur l'affaire des tarifs sociaux de la SNCF. Après quarante-huit heures de cafouillages, où on a entendu tout et son contraire, où plusieurs ministres et secrétaires d'Etat se sont allègrement contredits, on a envie de se dire : pas trop tôt. Car si quelqu'un a compris ce qui était prévu, qu'il le dise franchement, je suis preneur!
En l'occurrence ce n'est pas simplement la communication qui pèche dans cette affaire : on se demande réellement si une décision a été réfléchie, puis prise. Et on se pose la question de savoir s'il y a toujours un pilote dans l'avion. Alors que depuis le début de son mandat, Nicolas Sarkozy est toujours apparu au premier plan de l'action, comme celui qui impulsait les choses, il semble que depuis les municipales, il se soit mis à subir le cours des événements. Sauf quand il se passe quelque chose de grave, comme la profanation de Lorette! Même sur la prise d'otages au large de la Somalie, c'est François Fillon qu'on a entendu.
Est-ce un changement de stratégie, ou simplement une chiraquisation de Nicolas Sarkozy, qui se réfugie à l'Elysée comme dans un bunker? Force est de constater que jusqu'à l'apparition de son jeune rival, Jacques Chirac avait au moins toujours pris soin de maîtriser son camp, à défaut d'être en première ligne.
Là, ça ne semble même plus être le cas. On l'a vu lors de la passe d'armes entre Christian Estrosi et Patrick Devedjian. On l'a de nouveau vu lors des débats sur les OGM, au cours desquels la majorité est apparue divisée, au point de s'envoyer des noms d'oiseaux. Il n'y a pas eu seulement l'affaire Nathalie Kosciusko-Morizet (qui rappelons le, est tout de même secrétaire générale adjointe de l'UMP), mais aussi les accusations de certains membres de la majorité concernant les lobbies. L'Elysée n'a pas donné le sentiment de calmer le jeu...
Ce moment de flottement est peut-être inévitable après une défaite électorale. Mais au fond, cet effacement élyséen est-il une mauvaise chose? On a suffisamment râlé contre l'omniprésence présidentielle (parce qu'elle était associée à un manque de résultats flagrant) pour ne pas se réjouir d'un retour à la normale. Reste à savoir si la situation est ou non maîtrisée...