Les Français insatisfaits, et alors?
Quand on creuse un peu et qu'on va au-delà de cette simple moyenne, on s'aperçoit que les mécontents sont également majoritaires en ce qui concerne la manière dont Sarkozy exerce le pouvoir (63%) ou le rejet global des réformes entreprises (58%).
On remarque aussi que si le quota interrogé rejette massivement l'arrivée de renforts en Afghanistan (72%), les franchises médicales (72%), et la carte judiciaire (54%), il approuve la réforme des droits de succession (82%), les peines plancher (80%), la défiscalisation des heures supplémentaires (73%) ou la loi sur le service minimum dans les transports (73%).
Ces chiffres amènent à deux types de commentaires. Le premier, c'est qu'on se rend bien compte qu'il y a peu d'idéologie dans ces réponses, mais bel et bien du pragmatisme. Un libéral répondrait qu'il est pour la loi sur le service minimum, et pour les franchises médicales. Ici, les Français sont favorables quand ils ont quelque chose à gagner, et opposés quand ils peuvent y perdre. Comme d'habitude, on pourrait dire. Ce n'est pas pour rien si Bayrou a eu ses chances en 2007, et qu'il les conserve probablement pour 2012 : la France aime être gouvernée au Centre. C'est-à-dire nulle part, mais là où ça fait le moins mal.
Ce qui nous amène tout de suite à la deuxième remarque : existe-t-il un gouvernement qui pourrait rendre les Français satisfaits? Non. Pour les rendre satisfaits, il faudrait baisser les impôts tout en maintenant élevés les avantages et acquis sociaux dont nous bénéficions. Il faudrait baisser les prix sans toucher les agriculteurs, par exemple. Il faudrait réglementer les taxis sans leur déplaire, etc, etc... Le tout, dans un monde d'où la crise financière disparaîtrait bien entendu comme par enchantement!
Ce gouvernement semble naviguer à vue, c'est entendu. Avec un carnet de bord des réformes à faire, mais sans vision globale pour la France. Même s'ils étaient au courant depuis le début de ce qui allait se passer, les Français seront de toute façon insatisfaits au bout du compte. La question suivante à poser est donc celle-ci : "Vous qui êtes insatisfaits de la politique menée, êtes-vous pour autant favorables à son alternative, c'est-à-dire Ségolène Royal? Voulez-vous vraiment de Julien Dray au ministère de l'Intérieur et de François Rebsamen aux Finances?"