Les sans papiers lillois victimes de l'idéologie jusqu'au-boutiste du CSP 59

Publié le par Le chafouin

64 jours de grève de la faim pour aboutir à une arrestation globale, ce matin, de tous les participants à un mouvement qui aurait dû s'achever dans le calme aujourd'hui si les propositions du préfet avaient été acceptées par les plus influents des mouvements de soutien aux sans-papiers du Nord.

Inutile de s'étendre sur les soupçons portés à l'endroit de la réalité de cette grève de la faim. Vu de Lille, il faudrait être dupe pour avaler cette couleuvre : a-t-on déjà vu quelqu'un se contenter d'eau et de café pendant près de deux mois, et continuer à organiser des conférences de presse, à sourire devant les journalistes comme si de rien n'était? Désolé, je doute donc je suis.

Ce mouvement est d'autant plus contestable que ses propre participants sont pris en otage par l'idéologie guerrière du CSP (comité des sans papiers) 59, soutenu par la Ligue des (prétendus) Droits de l'Homme et le MRAP (dont on connaît l'intelligence profonde). Interrogés dans les journaux, à la télé, à la radio, ces malheureux ont répété en boucle pendant des jours puis des semaines un message appris par coeur la régularisation ou la mort.

Au passage, on notera qu'il faut être soit complètement à bout, soit complètement manipulé pour être prêt à la mort pour un bout de papier, titre de séjour ou carte d'identité.

Derrière ces émouvants messages venant des grévistes, les associations qui les soutiennent, eux, ont fait preuve à la fois d'une totale irresponsabilité  et d'un cynisme sans nom. Comment peut-on défendre une cause de façon si radicale qu'on est prêt à risquer la vie d'un de ses membres pour que celle-ci avance? Pure folie. Mépris de l'Homme. Comme si le CSP et ses acolytes ne voyaient pas l'humain dans le sans-papier, mais uniquement un vecteur de son idéologie. Idéologie qui voit derrière la volonté de maîtriser les flux migratoires des relents de colonialisme. Idéologie qui veut qu'en vertu des fautes commises par les "impérialistes" dans le passé, tous les habitants des anciennes colonies ont un droit à vie de séjour sur un territoire. N'emprisonne-t-on pas les Africains dans la revendication permanente en ne cessant d'adopter un tel ton?

Deuxième phase du raisonnement : l'illégitimité de toute grève de la faim. Ce procédé est un chantage odieux, qui consiste à émouvoir l'opinion publique pour obtenir quelque chose. Soit les grévistes méritent leur titre de séjour, et il faut le leur donner, soit ils n'y ont pas droit, et dans ce cas, il n'y a pas à placer l'hypothèse de la mort comme monnaie d'échange. Le député UDF Jean Lassalle était tombé dans la même erreur pour sauver des emplois, une usine, un territoire. De tels agissements font peu de cas, il me semble, du caractère sacré de la vie. Rien ne vaut la vie.

De plus, la préfecture n'a-t-elle pas proposé une solution de sortie de crise, acceptée par des associations aussi humanistes qu'Emmaüs ou la Cimade? Les six organisations signataires de l'accord sont-elles complices du pouvoir, réactionnaires ou nazies? Selon l'AFP, "ce dispositif prévoit le réexamen des dossiers de 150 sans-papiers - dont les grévistes de la faim -, la délivrance dès le dépôt de la liste d'un document leur permettant de circuler librement et la remise immédiate d'un titre provisoire pour ceux qui seront régularisés". Inespéré! Mais le CSP, lui, ne s'en satisfait pas : pour lui, c'est tout ou rien. Dans cette optique, les associations signataires de l'accord préfectoral ne sont pour lui que des collabos, illégitimes à soutenir les sans-papiers. Quand on est idéologue, il n'y a jamais de place pour la nuance, la négociation, le compromis.

A Lille, l'actualité est d'ailleurs marquée par le jusqu'au-boutisme et les provocations de cette association. Si elle assiste au jour le jour les sans-papiers, et effectue donc un vrai travail de fond, sa stratégie permanente consiste à provoquer de façon régulière la police, pour que celle-ci perde le contrôle et qu'on puisse l'accuser des pires maux. On l'a vu pendant les six derniers mois. La température a monté jusqu'à ce qu'une occupation tourne à l'arrestation générale : enfin, le CSP a pu employer le mot de "rafle". Notons ici que la police n'est pas exempte de tout reproche. Elle n'hésite pas à employer la force, là où elle est inutile et d'ailleurs injuste. Mais derrière, le CSP se satisfait de tout débordement. Se frotte les mains à chaque arrestation, sous couvert d'indignation. Car tout cela est bon à prendre, cela fait "avancer la cause".

Arrêtons de croire, donc, que la politique du gouvernement n'est pas républicaine. Sur ce genre de questions, ce n'est pas dans la rue ou en jouant avec la mort qu'on règle les problèmes. Si les lois ne plaisent pas, eh bien il faut se battre pour les changer : il y a des élections pour cela. Certes, on voit sur le terrain que l'Etat (le service "étrangers" des préfectures) n'applique pas toujours la loi à bon escient, et c'est un euphémisme : elle le fait a minima. Certaines arrestations sont même purement et simplement scandaleuses. Disproportionnées. Sans compter les procédures baclées ou irrégulières. Mais le fond du droit, lui, est élaboré par une majorité démocratiquement élue. N'en déplaise aux minoritaires, qui s'ils avaient le pouvoir, feraient peu de cas des contestataires, soyons-en certains!

Mais ce qui est le plus grave, dans cette affaire, c'est d'instrumentaliser le malheur de ces pauvres bougres à des fins politiques. Les responsables du CSP, de la Ligue, du Mrap, sont à l'abri pendant que les sans-papiers qu'ils soutiennent sont actuellement en garde à vue dans les locaux de la Police aux frontières et au commissariat central de Lille. Ne seraient-ils pas dans une meilleure situation, aujourd'hui, s'ils avaient approuvé l'accord préfectoral plutôt que de suivre les conseils de pseudo-humanistes?

Publié dans Chafouinage

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E
Les idéologies et leurs méfaits...Vaste sujet !Les usages et méthodes de ces associations n'étonnent plus personne, et le message "radical-gauche" qui va avec ne se cache même plus (Mouloud Aounit du MRAP, en est le plus détestable exemple). Le coté "jusqu'auboutiste" avec la détresse des autres en se parant d'une auréole humanitaire, a effectivement des relents... douteux.Seul compte le message.Quand, en plus, le modus opérendi qu'encouragent ces marchands de bonne conscience est utilisé par des élus du peuple, on peut légitimement s'interroger sur l'équilibre mental de certains de nos représentants et l'idée qu'ils se font de nos principes républicains.Très bon papier qui sort du politiquement correct et de la frilosité intellectuelle sur lesquels les MRAP et autres CSP comptent bien pour asseoir des idéaux qui n'ont d'humaniste que le nom.
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